mercoledì 18 febbraio 2009

Intervista Der Spiegel

Interview de Mgr Williamson à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel

Lundi 9 février 2009
Source : Der Spiegel (traduction P. David Roure)



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« Je n’irai pas à Auschwitz »

14 questions à l’évêque Richard Williamson, de la Fraternité Saint-Pie-X

Mgr Williamson n’a pas voulu se laisser interviewer directement mais a demandé que les questions lui soient envoyées par fax en Argentine. Ses réponses revinrent par e-mail. Elles furent confirmées au téléphone par Mgr Williamson et l’avocat de la Fraternité Saint-Pie-X.

Der Spiegel : Le Vatican exige que vous démentiez vos propos niant l’Holocauste et menace, sinon, de ne plus vous installer dans les fonctions d’évêque. Comment réagirez-vous ?

Mgr Williamson : Dans toute ma vie, j’ai toujours cherché la vérité. C’est pourquoi je me suis converti au catholicisme et suis devenu prêtre. Je peux seulement expliquer ce dont je suis convaincu. Parce que je réalise qu’il y a beaucoup d’hommes honnêtes et intelligents qui pensent autrement, je dois maintenant examiner encore une fois les preuves historiques. C’est bien ce que j’avais dit dans l’interview à la télévision suédoise : il en va de preuves historiques, pas d’émotions. Et si je trouve ces preuves, alors je me corrigerai. Mais cela prendra du temps.

S. : Comment un catholique cultivé peut-il nier l’Holocauste ?
W. : Je me suis occupé de ce sujet dans les années 1980. A cette époque, j’avais lu différents écrits. Dans l’interview, j’ai cité le rapport Leuchter, il me paraissait plausible. Maintenant on me dit qu’il est scientifiquement réfuté. De cela, je m’expliquerai maintenant.

S. : Vous auriez pu aller personnellement à Auschwitz.
W. : Non, à Auschwitz, je n’irai pas. J’ai commandé le livre de Jean-Claude Pressac, dont le titre anglais est Auschwitz. Technique and operation of the gas chambers. L’exemplaire est maintenant en route, je le lirai et l’étudierai.

S. : La Fraternité vous a posé un ultimatum qui tombe à échéance fin février. Prendrez-vous le risque d’une rupture ?
W. : Dans l’Ancien Testament, le prophète Jonas dit aux matelots, alors que le navire se trouve à cause de lui en grand péril : « Prenez-moi, jetez-moi par-dessus bord et la mer s’apaisera. Je le reconnais, c’est par ma faute que vous subissez cette grande tempête ». La Fraternité a une mission religieuse, qui subit un préjudice à cause de moi. J’examine maintenant les preuves historiques. Si elles ne me convainquent pas, je ferai alors tout ce qui est en mon pouvoir pour ne blesser encore en aucun cas l’Eglise et la Fraternité.

S. : Que signifie pour vous la levée des excommunications par le Pape Benoît XVI ?
W. : Nous voulons toujours être catholiques, rien d’autre. Nous n’avons bien sûr pas développé notre propre doctrine, mais seulement préservé ce que l’Eglise a toujours pratiqué et enseigné. Et comme tout, dans les année 1960 et 1970, s’est trouvé transformé au nom de ce concile, notre position est alors devenue tout à coup scandaleuse. Ainsi nous avons été poussés à la marge de l’Eglise et maintenant, quand l’échec de ces changements se révèle clairement au vu des églises vides et d’un clergé qui a passé l’âge, nous revenons au centre. C’est comme cela, chez nous, les conservateurs : nous continuons à avoir raison, nous devons seulement attendre suffisamment longtemps.

S. : Il a été affirmé au Vatican que l’on ne vous connaissait pas. En est-il bien ainsi ?
W. : La plupart des contacts ont eu lieu avec Mgr Fellay et le Conseil Général, auquel je n’appartiens pas. Mais trois de nous quatre, évêques, avons été invités à un repas privé en 2000 chez le cardinal Castrillon Hoyos. C’était plutôt une prise de connaissance, bien sûr nous avons aussi parlé de questions théologiques et avons philosophé un peu. Le cardinal était très aimable.

S. : Parmi les grandes conquêtes de l’Eglise catholique, on compte le concile Vatican II. Pourquoi ne le reconnaissez-vous pas dans tout son amplitude ?
W. : Ce que nous devons reconnaître est complètement flou. Un document important s’appelle « Gaudium et Spes », joie et espérance. Là-dedans, on s’enthousiasme pour le tourisme de masse reliant les peuples. Mais on ne peut tout de même pas demander à une communauté conservatrice d’approuver pareille vulgarité1. Par la suite, il s’agit des angoisses et des souffrances. On mentionne là une guerre atomique entre les grandes puissances. Vous le voyez bien, de cela beaucoup de choses sont dépassées. Ces textes du concile sont toujours ambigus. Puisque personne ne savait en fait ce que cela voulait dire, tout de suite après le concile chacun commença à faire ce qui lui plaisait. Cela mène à ce chaos théologique que nous avons aujourd’hui. Que devons-nous reconnaître maintenant, l’ambiguïté ou le chaos ?

S. : Etes-vous en réalité bien conscient que, avec vos opinions extrêmes, vous divisez l’Eglise ?
W. : Seulement l’atteinte portée aux dogmes et aux déclarations infaillibles (du Magistère) détruit la foi. Le concile Vatican II a lui-même expliqué qu’il ne proclamait pas de nouveaux dogmes. Aujourd’hui, les évêques libéraux font comme s’il était devenu une sorte de superdogme récapitulant tout, et ils justifient par là la dictature du relativisme. Cela contredit le texte du concile.

S. : Votre position par rapport au judaïsme est de bout en bout antisémite.
W. : Saint Paul formule cela ainsi : les Juifs sont aimés pour l’amour des patriarches, mais nos adversaires pour l’amour de l’Evangile.

S. : Dans votre antisémitisme, voulez-vous vous appuyer le plus sérieusement qui soit sur la Tradition catholique et sur la Bible ?
W. : Sous ce terme ‘antisémitisme’, on met de nos jours énormément de choses. Entre autres, quand on critique la manière d’agir d’Israël dans le conflit à Gaza. L’Eglise entendait toujours sous le terme d’antisémitisme le fait de rejeter les juifs, parce qu’ils ont des racines juives. C’est condamné par l’Eglise. Et cela va d’ailleurs de soi dans une religion dont les fondateurs et les personnages importants au début de son histoire étaient juifs. Mais ce qui concerne tous ces judéochrétiens de cette époque est aussi très clair : que tous les hommes ont besoin du Christ pour leur salut, y compris les Juifs.

S. : Le pape va voyager d’ici peu en Israël et visiter le mémorial de l’Holocauste. Rejetez-vous aussi cela ?
W. : Etre pèlerin en Terre Sainte est une grande joie pour les chrétiens. Je présente au Saint Père mes meilleurs souhaits pour son voyage. Cela me dérange qu’à Yad Vashem le pape Pie XII soit agressé bien que, pendant la période nazie, personne n’ait sauvé plus de Juifs que lui. Il fit établir des attestations de baptême pour des Juifs persécutés pour les empêcher d’être arrêtés. Ces faits sont au contraire déformés. Par ailleurs je souhaiterais que le pape porte son regard et ouvre son cœur vers les femmes et les enfants qui ont été blessés dans la Bande de Gaza et qu’il intervienne en faveur de la population chrétienne de Bethléem qui se trouve, en attendant, emmurée.

S. : Vos déclarations ont causé de grandes blessures et indignations dans le monde juif. Pourquoi ne vous excusez-vous pas ?
W. : Si je devais reconnaître que je me suis trompé, je le ferais. Je demande à chacun de me croire que je n’ai intentionnellement rien dit qui soit faux. Sur la base de mes recherches dans les années 1980, je suis convaincu de l’exactitude de mes déclarations. Je dois maintenant encore une fois tout vérifier et examiner les preuves.

S. : Reconnaissez-vous au moins les droits universels de l’homme ?
W. : Quand les droits de l’homme furent proclamés en France, des centaines de milliers de personnes ont été tuées dans toute la France. Là où les droits de l’homme sont compris comme un ordre objectif que l’Etat doit mettre en pratique, on en arrive toujours à une politique antichrétienne. Quand il s’agit de préserver à un individu sa liberté de conscience contre un état démocratique, là les droits de l’homme remplissent une fonction importante. L’individu a besoin de ces droits contre un Etat qui se prend pour le Léviathan. Mais la compréhension chrétienne de l’Etat est tout autre, à tel point que les théories chrétiennes des droits de l’homme insistent plus sur le fait que la liberté n’est pas une fin en soi. Il n’en va pas de la liberté de quelque chose mais pour quelque chose. Pour le Bien.

S. : Vos déclarations et la levée de votre excommunication ont suscité des protestations dans le monde entier. Pouvez-vous comprendre cela ?
W. : Une seule interview à la télévision suédoise est maintenant depuis des semaines devenu un thème majeur en Allemagne. Oui, cela m’étonne. Est-ce que cela se produit de même pour toutes les infractions à la loi ? Probablement pas. Non, je suis ici seulement l’instrument que l’on utilise contre notre Fraternité sacerdotale et contre le pape. Visiblement, les catholiques de gauche en Allemagne n’ont toujours pas pardonné à Ratzinger d’être devenu pape.

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