venerdì 26 febbraio 2010

Sette misure per la crescita dell'Unione Europea


SEPT MESURES POUR FAIRE ABOUTIR LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR LA CROISSANCE ET L'EMPLOI
Document de travail d'Herman Van Rompuy sur la gouvernance économique

Les efforts d'assainissement budgétaire que nous devons entreprendre doivent s'appuyer sur une stratégie pour la croissance et l'emploi renouvelée pour les prochaines années. Une telle stratégie n'a de sens que si elle se fonde sur une analyse commune et un sens des priorités partagé. Les États membres et l'Union ne peuvent agir de manière cohérente que sur la base d'un accord sur les principes généraux et les objectifs essentiels.

Nous devons certes nous concentrer sur les vraies priorités, mais, surtout, nous devons non plus tant définir ce que nous voulons faire, mais plutôt comment nous allons le faire en pratique. Et le maître‑mot est gouvernance. Notre nouvelle stratégie commune ne modifiera le cours des événements que si nous veillons à ce qu'elle soit reprise à leur compte par les acteurs de la scène politique et économique concernés et intégrée au processus décisionnel de l'UE et des États membres. Par le passé, l'adhésion a été insuffisante et des carences ont été relevées sur le plan du suivi et de la mise en œuvre. En outre, les priorités n'ont pas toujours été bien choisies. Cela doit changer.

Et cela ne pourra changer que grâce à une action déterminée des membres du Conseil européen. C'est à eux qu'il incombe de faire fonctionner la stratégie pour la croissance au bénéfice de l'ensemble de l'Union.
Pour améliorer la gouvernance de la stratégie, nous devrions prendre les mesures ci‑après, qui reposent sur les procédures existantes, tout en cherchant à mieux cibler notre action et à renforcer sa dynamique, il convient ainsi de:


1/Se concentrer sur un nombre limité d'objectifs quantitatifs clés de l'UE, étayés par des objectifs sur le plan national

À ce jour, dans le cadre des "lignes directrices intégrées", nous avons approuvé un certain nombre de lignes directrices horizontales (24 dans les lignes directrices actuelles, qui couvrent la période allant de 2008 à la fin de 2010), ainsi que des objectifs quantitatifs. À l'origine, le but était de limiter le nombre d'objectifs, mais au fil des ans nous en avons progressivement ajouté de nouveaux. Jusqu'à maintenant, ces objectifs quantitatifs généraux n'ont pas été étayés par des engagements concrets au niveau national.

Nous devrions trouver un accord sur deux éléments afin de renforcer l'efficacité de notre stratégie économique :

-Premièrement, le nombre des lignes directrices devrait être réduit (moins de 24). Dans le cadre de ce nombre restreint de lignes directrices, nous devrions fixer d'un commun accord un nombre limité d'objectifs quantitatifs de l'UE (cinq au maximum) qui nous permettront d'obtenir des résultats en termes de croissance au sein de l'UE, assortis d'un délai et d'éventuelles étapes intermédiaires1. Ces objectifs quantitatifs devraient correspondre à des objectifs politiques qui sont déterminants pour le succès de notre stratégie.

-Deuxièmement, les différents États membres traduiront ces objectifs communs de l'UE en objectifs nationaux spécifiques et différenciés, qui tiendront dûment compte des différentes situations de départ2. La définition de ces objectifs devrait résulter d'un dialogue entre les États membres et la Commission dans un cadre multilatéral, de manière à assurer une parfaite cohérence. Ils devraient être approuvés par le Conseil.

2/Recenser les blocages ou les obstacles qui entravent la croissance au niveau de l'UE et au niveau national

Des blocages ou des obstacles entravent la compétitivité, la productivité et la croissance tant au niveau de l'UE qu'au niveau national. D'ici le Conseil européen de juin, nous devons disposer d'une analyse récente permettant de déterminer quels sont les principaux blocages, ainsi que leurs effets sur la croissance.

Il conviendrait que la Commission recense les blocages au niveau de l'UE, y compris dans le fonctionnement du marché intérieur, et soumette les résultats de ses travaux au Conseil en vue d'une discussion.

Il faudrait que les États membres, en concertation avec la Commission, recensent les principaux blocages qui entravent la croissance, la compétitivité et la productivité au niveau national3. La Commission devrait évaluer l'importance macroéconomique de ces blocages pour que les mesures puissent être bien ciblées.


3/Renforcer les programmes de l'UE et des États membres

Les programmes de réforme doivent être renforcés tant au niveau de l'UE qu'au niveau national.

Chaque État membre continuera à établir ses propres programmes nationaux de réforme présentant ses priorités stratégiques en termes de réformes structurelles, mais il devra mettre particulièrement l'accent sur les objectifs quantitatifs et sur les moyens qu'il entend utiliser pour s'attaquer aux blocages recensés. L'obligation d'information à cet égard ne devrait pas entraîner trop de formalités administratives.

La Commission sera chargée de proposer au Conseil un programme de l'UE destiné à soutenir cette stratégie. Ce programme de l'UE, qui devrait être étoffé par rapport à l'actuel "programme de Lisbonne" indiquera, en termes opérationnels, comment les politiques de l'UE peuvent contribuer à ce que les objectifs chiffrés clés soient atteints et à ce qu'un remède soit trouvé aux blocages au niveau de l'UE. Il devrait également dûment tenir compte de la dimension internationale. Il sera examiné et approuvé par le Conseil, qui devrait avoir la possibilité de le modifier.
Il conviendrait de se servir des instruments de l'UE, dans le cadre actuel de la perspective financière, pour encourager les réformes. Par exemple, il pourrait être plus adapté de financer l'investissement dans le capital humain pourrait être mieux financé par des fonds provenant du programme-cadre de recherche ou des fonds structurels. Les prêts de la BEI pourraient être réajustés pour soutenir de préférence des actions de réforme structurelle. La PAC et les politiques régionales pourraient davantage appuyer ces réformes. Les politiques de l'UE devraient être réorientées pour favoriser les emplois verts.


4/Assurer un meilleur suivi et une meilleure surveillance

Des mécanismes de suivi et de surveillance efficaces sont essentiels si l'on veut mener à bien la mise en œuvre de la stratégie. Ces mécanismes devraient reposer sur les quatre éléments suivants.

Afin de remédier aux faiblesses de notre surveillance révélées par la crise, notamment en ce qui concerne le suivi des déséquilibres macroéconomiques et financiers dans les États membres de l'UE, il convient que ceux‑ci présentent simultanément à la Commission des plans budgétaires et des politiques structurelles (par le biais des programmes de stabilité et de convergence et des programmes nationaux de réforme). Cela aidera les États membres et l'UE à faire face aux choix et priorités stratégiques qui devront être arrêtés pour préserver les investissements dans des sources de croissance d'avenir, tout en respectant strictement le Pacte de stabilité et de croissance. Il convient de maintenir la distinction claire entre les instruments juridiques (Pacte de croissance et de stabilité et recommandations par pays conformément aux lignes directrices intégrées) et de préserver en tous points l'intégrité du pacte.

La Commission devrait davantage recourir à l'évaluation comparative et les objectifs quantitatifs clés devraient faire l'objet d'une attention particulière. Cette évaluation ne devrait pas uniquement consister à comparer les résultats des différents États membres de l'UE; elle devrait aussi comporter une dimension extérieure et permettre de comparer les résultats de l'UE avec ceux d'autres pays. Les programmes de l'UE feront l'objet d'évaluations indépendantes. Ces évaluations seront rendues publiques, ainsi que les données chiffrées.
Afin d'intensifier le dialogue avec les États membres et d'accroître la qualité de la surveillance, il convient que les missions menées dans les pays membres pour évaluer la situation sur le terrain soient renforcées par rapport aux missions très brèves qui ont lieu actuellement dans le cadre de la stratégie de Lisbonne. Ces missions devraient examiner de manière plus approfondie si les priorités convenues ont été mises en œuvre et réunir des experts de la Commission et d'autres États membres.

Les formations compétentes du Conseil suivront de près les progrès réalisés, tant au niveau de l'UE qu'à l'échelle nationale. Lorsque des déficits en termes de résultats seront constatés, lorsque des politiques ne seront pas conformes aux lignes directrices intégrées ou qu'elles risquent de compromettre le bon fonctionnement de l'Union monétaire, il conviendra de recourir aux instruments institués par le traité en matière de surveillance (notamment le mécanisme d'alerte précoce ou une recommandation sur la base de l'article 121).


5/Tenir compte de la dimension "zone euro"

Il convient de mieux tenir compte de la participation à la zone euro. Les dispositions du traité de Lisbonne concernant la zone euro (article 136) prévoient que le Conseil adopte des mesures concernant les États membres dont la monnaie est l'euro, qu'il élabore, pour ce qui les concerne, les orientations de politique économique, en veillant à ce qu'elles soient compatibles avec celles qui sont adoptées pour l'ensemble de l'Union, et qu'il en assure la surveillance.

Dans ce contexte et sans mener de discussions spécifiques sur la zone euro au sein du Conseil européen, il convient de renforcer les recommandations fournies pour la zone euro dans son ensemble et pour ses États membres, en mettant davantage l'accent sur la compétitivité et les déséquilibres macroéconomiques. Une telle approche tiendrait compte de l'importance des retombées économiques dans l'union monétaire et des défis auxquels la zone euro est confrontée.

Ainsi que le président de l'Eurogroupe le soulignait dans sa lettre du 15 janvier sur l'action qu'il envisage pour son nouveau mandat, l'Eurogroupe a un rôle central à jouer à cet égard, ainsi que dans le cadre du suivi de la mise en œuvre.

6/Tenir compte de la dimension internationale

La stratégie de l'UE doit mieux prendre en compte la mondialisation. Des conditions équitables dans le domaine commercial bénéficieront à l'industrie européenne. L'UE continuera de défendre la mise en place d'un mécanisme efficace et équitable de lutte contre le changement climatique. Ces éléments doivent être intégrés dans le programme de l'UE et être soumis au même suivi que les programmes nationaux.

Il est important que l'UE veille à faire entendre sa voix au sein des institutions financières internationales, du G20 et d'autres enceintes internationales. Le Conseil européen devra s'assurer que tel est le cas et que les travaux en cours sur la réforme du système financier international se poursuivent. Il faudra que le Conseil européen prépare soigneusement ses positions en vue du G20 afin que notre conception commune s'exprime de manière satisfaisante lors des discussions de politique économique menées au niveau mondial. Le Conseil européen élaborera en juin les positions que le président du Conseil européen et le président de la Commission devraient présenter au nom de l'UE à l'occasion du sommet du G20 de Toronto.


7/Préciser le rôle du Conseil européen

C'est du Conseil européen que dépendra en définitive la réussite ou l'échec de la stratégie européenne. Il devrait évaluer régulièrement, au moins une fois par an, l'évolution de la situation macroéconomique, structurelle et financière dans l'UE (en s'appuyant sur l'évaluation effectuée par le comité européen du risque systémique) et coordonner étroitement la réponse stratégique apportée, en fournissant des orientations à la Commission et aux formations du Conseil. À cet égard, il devrait examiner l'incidence des politiques nationales sur l'UE dans son ensemble, en accordant notamment une importance accrue aux déséquilibres macroéconomiques et aux disparités en termes de compétitivité au sein du marché intérieur. Il devrait également faire le point des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie. Il s'agissait là de l'objectif initial du Conseil de printemps, qui devrait être rétabli de sorte que nous puissions donner nos directives pour ces processus.
Il nous faut par ailleurs dépasser les discussions d'ordre général sur la stratégie économique pour nous concentrer sur des mesures concrètes. Le Conseil européen devrait régulièrement mener des discussions sur des questions données et examiner l'ensemble des instruments et mesures disponibles pour obtenir des résultats. Les formations compétentes du Conseil pourraient être chargées de préparer ces discussions et de veiller à leur suivi en termes de mise en œuvre. Les présidents de ces formations pourraient rendre compte au Conseil européen. Pour stimuler ces discussions, le Conseil européen pourrait également demander à des personnalités extérieures d'examiner de manière plus approfondie certaines questions. Le Conseil européen devrait être en mesure d'opérer de véritables choix sur l'action à mener.

Dans un premier temps, ces discussions pourraient, dès 2010, porter par exemple sur la recherche, le développement et l'innovation (RDI). L'objectif de consacrer 3 % du PIB à ce domaine, fixé par la stratégie de Lisbonne, n'a pas été atteint. Nous devons comprendre pourquoi et déterminer ce qu'il y a lieu de faire à l'avenir. Nous devrions demander à chaque membre du Conseil européen d'indiquer ce que son gouvernement est prêt à faire pour augmenter les dépenses de RDI au cours des années à venir. Dans le même temps, nous devrions étudier toutes les possibilités d'aider nos collègues à atteindre leurs objectifs, entre autres échanger des bonnes pratiques, lancer des initiatives de recherche communes entre États membres ou au niveau de l'UE, assurer des financements par l'UE et adopter des réglementations encourageant le progrès technologique.

À court terme, les discussions pourraient également porter sur d'autres thèmes: la sécurité énergétique, l'écologisation de l'économie, des mesures visant à renforcer notre base productive (industrie manufacturière, secteur des services) ou le fonctionnement des marchés du travail.

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Prochaines étapes

- Le Conseil européen de mars devrait, sur la base de la communication de la Commission, approuver les principaux axes de la stratégie et les cinq objectifs quantitatifs et mettre la dernière main à la structure de gouvernance. Des travaux préparatoires devraient être menés par les formations compétentes du Conseil (qui devraient se concentrer plus particulièrement sur les objectifs quantitatifs relevant de leur domaine de compétence). Le Conseil ECOFIN devrait en particulier se pencher sur la cohérence économique générale et la structure de gouvernance. Le Conseil des affaires générales devrait pour sa part jouer un rôle de coordination à l'approche du Conseil européen de mars.
- En juin, le Conseil européen approuvera les lignes directrices intégrées présentant la stratégie, ainsi que les objectifs quantitatifs par pays et les facteurs de blocage rencontrés par chacun d'eux, sur la base de la proposition de la Commission et des travaux préparatoires menés par les formations compétentes du Conseil (les objectifs devraient être examinés par les formations compétentes du Conseil, et les lignes directrices devraient être élaborées par le Conseil Ecofin et le Conseil Epsco).

- En automne, le Conseil européen pourrait avoir une première discussion sur un thème choisi, par exemple "recherche et développement". Les États membres devraient transmettre leur programme de stabilité et de convergence et leur programme national de réforme.

(Fonte www.lacroix.com)

mercoledì 24 febbraio 2010

Contro la pena di morte

Da oggi al 26 febbraio, la IV Conferenza mondiale contro la pena di morte riunisce a Ginevra politici, attivisti, avvocati ed esperti per un ampio dibattito strutturato in sessioni plenarie, tavole rotonde e laboratori. Nelle plenarie saranno affrontati alcuni aspetti essenziali relativi all’abolizione universale della pena capitale, quali il ruolo delle organizzazioni internazionali - in particolare delle Nazioni Unite - nella lotta abolizionista, e le prossime sfide, con particolare riferimento alla situazione negli Stati Uniti, in Giappone, Cina e Iran. Le tavole rotonde focalizzeranno problematiche concernenti l’applicazione della pena capitale (discriminazione razziale e sociale, protezione dei gruppi più vulnerabili quali i minorenni e i disabili mentali, ruolo delle religioni, giustizia riparativa in sostituzione della morte), e alcune situazioni regionali (Medio Oriente e Africa del Nord, Africa Subsahariana, Asia, Caraibi). Obiettivo dei laboratori è quello di promuovere un confronto su strategie e strumenti volti a rendere più efficaci le mobilitazioni abolizioniste. Alla sessione inaugurale prenderanno la parola il primo ministro spagnolo, José Luis Fernández Zapatero, presidente di turno dell’Ue, il senatore francese Robert Badinter, autore della legge sull’abolizione della pena di morte in Francia, ed esponenti di organizzazioni internazionali. Tra le organizzazioni invitate a partecipare ai lavori figura la Comunità di Sant’Egidio, rappresentata dal portavoce Mario Marazziti. Nella giornata conclusiva è prevista una cerimonia solenne alla quale interverranno, tra gli altri, l’Alto Commissario dell’Onu per i diritti umani, Navanethem Pillay, Sr. Helen Prejean, la religiosa statunitense figura simbolo dell’abolizionismo, l’iraniana Shirin Ebadi, Nobel per la pace 2003 e Thomas Hammarberg, Commissario per i diritti umani del Consiglio d’Europa. (M.V.)

Lectio Divina Benedetto XVI


“Lectio divina” tenuta il 18 febbraio scorso da Benedetto XVI in occasione del tradizionale incontro di inizio Quaresima con i presbiteri della diocesi di Roma, svoltasi nell'Aula della Benedizione del Vaticano.

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Eminenza,
cari fratelli nell’episcopato e nel sacerdozio,

è una tradizione molto gioiosa e anche importante per me poter iniziare la Quaresima sempre con il mio Presbiterio, i Presbiteri di Roma. Così, come Chiesa locale di Roma, ma anche come Chiesa universale, possiamo intraprendere questo cammino essenziale con il Signore verso la Passione, verso la Croce, il cammino pasquale.

Quest’anno vogliamo meditare i passi della Lettera agli Ebrei ora letti. L’Autore di tale Lettera ha aperto una nuova strada per capire l’Antico Testamento come libro che parla su Cristo. La tradizione precedente aveva visto Cristo soprattutto, essenzialmente, nella chiave della promessa davidica, del vero Davide, del vero Salomone, del vero Re di Israele, vero Re perché uomo e Dio. E l’iscrizione sulla Croce aveva realmente annunciato al mondo questa realtà: adesso c’è il vero Re di Israele, che è il Re del mondo, il Re dei Giudei sta sulla Croce. E’ una proclamazione della regalità di Gesù, dell’adempimento dell’attesa messianica dell’Antico Testamento, la quale, nel fondo del cuore, è un’attesa di tutti gli uomini che aspettano il vero Re, che dà giustizia, amore e fraternità.

Ma l’Autore della Lettera agli Ebrei ha scoperto una citazione che fino a quel momento non era stata notata: Salmo 110,4 - “tu sei sacerdote secondo l’ordine di Melchisedek”. Ciò significa che Gesù non solo adempie la promessa davidica, l’aspettativa del vero Re di Israele e del mondo, ma realizza anche la promessa del vero Sacerdote. In parte dell’Antico Testamento, soprattutto anche in Qumran, vi sono due linee separate di attesa: il Re e il Sacerdote. L’Autore della Lettera agli Ebrei, scoprendo questo versetto, ha capito che in Cristo sono unite le due promesse: Cristo è il vero Re, il Figlio di Dio – secondo il Salmo 2,7 che egli cita – ma è anche il vero Sacerdote.

Così tutto il mondo cultuale, tutta la realtà dei sacrifici, del sacerdozio, che è alla ricerca del vero sacerdozio, del vero sacrificio, trova in Cristo la sua chiave, il suo adempimento e, con questa chiave, può rileggere l’Antico Testamento e mostrare come proprio anche la legge cultuale, che dopo la distruzione del Tempio è abolita, in realtà andava verso Cristo; quindi, non è semplicemente abolita, ma rinnovata, trasformata, poiché in Cristo tutto trova il suo senso. Il sacerdozio appare allora nella sua purezza e nella sua verità profonda.

In questo modo, la Lettera agli Ebrei presenta il tema del sacerdozio di Cristo, Cristo sacerdote, su tre livelli: il sacerdozio di Aronne, quello del Tempio; Melchisedek; e Cristo stesso, come il vero sacerdote. Anche il sacerdozio di Aronne, pur essendo differente da quello di Cristo, pur essendo, per così dire, solo una ricerca, un camminare in direzione di Cristo, comunque è “via” verso Cristo, e già in questo sacerdozio si delineano gli elementi essenziali. Poi Melchisedek - ritorneremo su questo punto – che è un pagano. Il mondo pagano entra nell’Antico Testamento, entra in una figura misteriosa, senza padre, senza madre - dice la Lettera agli Ebrei -, appare semplicemente, e in lui appare la vera venerazione del Dio Altissimo, del Creatore del cielo e della terra. Così anche dal mondo pagano viene l’attesa e la prefigurazione profonda del mistero di Cristo. In Cristo stesso tutto è sintetizzato, purificato e guidato al suo termine, alla sua vera essenza.

Vediamo ora i singoli elementi, per quanto è possibile, circa il sacerdozio. Dalla Legge, dal sacerdozio di Aronne impariamo due cose, ci dice l’autore della Lettera agli Ebrei: un sacerdote per essere realmente mediatore tra Dio e l’uomo, deve essere uomo. Questo è fondamentale e il Figlio di Dio si è fatto uomo proprio per essere sacerdote, per poter realizzare la missione del sacerdote. Deve essere uomo – ritorneremo su questo punto –, ma non può da se stesso farsi mediatore verso Dio. Il sacerdote ha bisogno di un’autorizzazione, di un’istituzione divina e solo appartenendo alle due sfere – quella di Dio e quella dell’uomo – può essere mediatore, può essere “ponte”. Questa è la missione del sacerdote: combinare, collegare queste due realtà apparentemente così separate, cioè il mondo di Dio - lontano da noi, spesso sconosciuto all’uomo - e il nostro mondo umano. La missione del sacerdozio è di essere mediatore, ponte che collega, e così portare l’uomo a Dio, alla sua redenzione, alla sua vera luce, alla sua vera vita.

Come primo punto, quindi, il sacerdote deve essere dalla parte di Dio, e solamente in Cristo questo bisogno, questa condizione della mediazione è realizzata pienamente. Perciò era necessario questo Mistero: il Figlio di Dio si fa uomo perché ci sia il vero ponte, ci sia la vera mediazione. Gli altri devono avere almeno un’autorizzazione da Dio o, nel caso della Chiesa, il Sacramento, cioè introdurre il nostro essere nell’essere di Cristo, nell’essere divino. Solo con il Sacramento, questo atto divino che ci crea sacerdoti nella comunione con Cristo, possiamo realizzare la nostra missione. E questo mi sembra un primo punto di meditazione per noi: l’importanza del Sacramento. Nessuno si fa sacerdote da se stesso; solo Dio può attirarmi, può autorizzarmi, può introdurmi nella partecipazione al mistero di Cristo; solo Dio può entrare nella mia vita e prendermi in mano. Questo aspetto del dono, della precedenza divina, dell’azione divina, che noi non possiamo realizzare, questa nostra passività - essere eletti e presi per mano da Dio - è un punto fondamentale nel quale entrare. Dobbiamo ritornare sempre al Sacramento, ritornare a questo dono nel quale Dio mi dà quanto io non potrei mai dare: la partecipazione, la comunione con l’essere divino, col sacerdozio di Cristo.

Rendiamo questa realtà anche un fattore pratico della nostra vita: se è così, un sacerdote deve essere realmente un uomo di Dio, deve conoscere Dio da vicino, e lo conosce in comunione con Cristo. Dobbiamo allora vivere questa comunione e la celebrazione della Santa Messa, la preghiera del Breviario, tutta la preghiera personale, sono elementi dell’essere con Dio, dell’essere uomini di Dio. Il nostro essere, la nostra vita, il nostro cuore devono essere fissati in Dio, in questo punto dal quale non dobbiamo uscire, e ciò si realizza, si rafforza giorno per giorno, anche con brevi preghiere nelle quali ci ricolleghiamo con Dio e diventiamo sempre più uomini di Dio, che vivono nella sua comunione e possono così parlare di Dio e guidare a Dio.

L’altro elemento è che il sacerdote deve essere uomo. Uomo in tutti i sensi, cioè deve vivere una vera umanità, un vero umanesimo; deve avere un’educazione, una formazione umana, delle virtù umane; deve sviluppare la sua intelligenza, la sua volontà, i suoi sentimenti, i suoi affetti; deve essere realmente uomo, uomo secondo la volontà del Creatore, del Redentore, perché sappiamo che l’essere umano è ferito e la questione di “che cosa sia l’uomo” è oscurata dal fatto del peccato, che ha leso la natura umana fino nelle sue profondità. Così si dice: “ha mentito”, “è umano”; “ha rubato”, “è umano”; ma questo non è il vero essere umano. Umano è essere generoso, è essere buono, è essere uomo della giustizia, della prudenza vera, della saggezza. Quindi uscire, con l’aiuto di Cristo, da questo oscuramento della nostra natura per giungere al vero essere umano ad immagine di Dio, è un processo di vita che deve cominciare nella formazione al sacerdozio, ma che deve realizzarsi poi e continuare in tutta la nostra esistenza. Penso che le due cose vadano fondamentalmente insieme: essere di Dio e con Dio ed essere realmente uomo, nel vero senso che ha voluto il Creatore plasmando questa creatura che siamo noi.

Essere uomo: la Lettera agli Ebrei fa una sottolineatura della nostra umanità che ci sorprende, perché dice: deve essere uno con “compassione per quelli che sono nell’ignoranza e nell’errore, essendo rivestito di debolezza” (5,2) e poi - molto più forte ancora – “nei giorni della sua vita terrena, egli offrì preghiere e suppliche, con forti grida e lacrime a Dio che poteva salvarlo da morte e per il suo pieno abbandono a Lui, venne esaudito” (5,7). Per la Lettera agli Ebrei elemento essenziale del nostro essere uomo è la compassione, è il soffrire con gli altri: questa è la vera umanità. Non è il peccato, perché il peccato non è mai solidarietà, ma è sempre desolidarizzazione, è un prendere la vita per me stesso, invece di donarla. La vera umanità è partecipare realmente alla sofferenza dell’essere umano, vuol dire essere un uomo di compassione – metriopathein, dice il testo greco – cioè essere nel centro della passione umana, portare realmente con gli altri le loro sofferenze, le tentazioni di questo tempo: “Dio dove sei tu in questo mondo?”.

Questa umanità del sacerdote non risponde all’ideale platonico e aristotelico, secondo il quale il vero uomo sarebbe colui che vive solo nella contemplazione della verità, e così è beato, felice, perché ha solo amicizia con le cose belle, con la bellezza divina, ma “i lavori” li fanno altri. Questa è una supposizione, mentre qui si suppone che il sacerdote entri come Cristo nella miseria umana, la porti con sé, vada alle persone sofferenti, se ne occupi, e non solo esteriormente, ma interiormente prenda su di sé, raccolga in se stesso la “passione” del suo tempo, della sua parrocchia, delle persone a lui affidate. Così Cristo ha mostrato il vero umanesimo. Certo il suo cuore è sempre fisso in Dio, vede sempre Dio, intimamente è sempre in colloquio con Lui, ma Egli porta, nello stesso tempo, tutto l’essere, tutta la sofferenza umana entra nella Passione. Parlando, vedendo gli uomini che sono piccoli, senza pastore, Egli soffre con loro e noi sacerdoti non possiamo ritirarci in un Elysium, ma siamo immersi nella passione di questo mondo e dobbiamo, con l’aiuto di Cristo e in comunione con Lui, cercare di trasformarlo, di portarlo verso Dio.

Proprio questo va detto, con il seguente testo realmente stimolante: “preghiere e suppliche offrì con forti grida e lacrime” (Eb 5,7). Questo non è solo un accenno all’ora dell’angoscia sul Monte degli Ulivi, ma è un riassunto di tutta la storia della passione, che abbraccia l’intera vita di Gesù. Lacrime: Gesù piangeva davanti alla tomba di Lazzaro, era realmente toccato interiormente dal mistero della morte, dal terrore della morte. Persone perdono il fratello, come in questo caso, la mamma e il figlio, l’amico: tutta la terribilità della morte, che distrugge l’amore, che distrugge le relazioni, che è un segno della nostra finitezza, della nostra povertà. Gesù è messo alla prova e si confronta fino nel profondo della sua anima con questo mistero, con questa tristezza che è la morte, e piange. Piange davanti a Gerusalemme, vedendo la distruzione della bella città a causa della disobbedienza; piange vedendo tutte le distruzioni della storia nel mondo; piange vedendo come gli uomini distruggono se stessi e le loro città nella violenza, nella disobbedienza.

Gesù piange, con forti grida. Sappiamo dai Vangeli che Gesù ha gridato dalla Croce, ha gridato: “Dio mio, perché mi hai abbandonato?” (Mc 15,34; cfr Mt 27,46), e ha gridato ancora una volta alla fine. E questo grido risponde ad una dimensione fondamentale dei Salmi: nei momenti terribili della vita umana, molti Salmi sono un forte grido a Dio: “Aiutaci, ascoltaci!”. Proprio oggi, nel Breviario, abbiamo pregato in questo senso: Dove sei tu Dio? “Siamo venduti come pecore da macello” (Sal 44,12). Un grido dell’umanità sofferente! E Gesù, che è il vero soggetto dei Salmi, porta realmente questo grido dell’umanità a Dio, alle orecchie di Dio: “Aiutaci e ascoltaci!”. Egli trasforma tutta la sofferenza umana, prendendola in se stesso, in un grido alle orecchie di Dio.

E così vediamo che proprio in questo modo realizza il sacerdozio, la funzione del mediatore, trasportando in sé, assumendo in sé la sofferenza e la passione del mondo, trasformandola in grido verso Dio, portandola davanti agli occhi e nelle mani di Dio, e così portandola realmente al momento della Redenzione.

In realtà la Lettera agli Ebrei dice che “offrì preghiere e suppliche”, “grida e lacrime” (5,7). E’ una traduzione giusta del verbo prospherein, che è una parola cultuale ed esprime l’atto dell’offerta dei doni umani a Dio, esprime proprio l’atto dell’offertorio, del sacrificio. Così, con questo termine cultuale applicato alle preghiere e lacrime di Cristo, dimostra che le lacrime di Cristo, l’angoscia del Monte degli Ulivi, il grido della Croce, tutta la sua sofferenza non sono una cosa accanto alla sua grande missione. Proprio in questo modo Egli offre il sacrificio, fa il sacerdote. La Lettera agli Ebrei con questo “offrì”, prospherein, ci dice: questa è la realizzazione del suo sacerdozio, così porta l’umanità a Dio, così si fa mediatore, così si fa sacerdote.

Diciamo, giustamente, che Gesù non ha offerto a Dio qualcosa, ma ha offerto se stesso e questo offrire se stesso si realizza proprio in questa compassione, che trasforma in preghiera e in grido al Padre la sofferenza del mondo. In questo senso anche il nostro sacerdozio non si limita all’atto cultuale della Santa Messa, nel quale tutto viene messo nelle mani di Cristo, ma tutta la nostra compassione verso la sofferenza di questo mondo così lontano da Dio, è atto sacerdotale, è prospherein, è offrire. In questo senso mi sembra che dobbiamo capire ed imparare ad accettare più profondamente le sofferenze della vita pastorale, perché proprio questo è azione sacerdotale, è mediazione, è entrare nel mistero di Cristo, è comunicazione col mistero di Cristo, molto reale ed essenziale, esistenziale e poi sacramentale.

Una seconda parola in questo contesto è importante. Viene detto che Cristo così – tramite questa obbedienza – è reso perfetto, in greco teleiotheis (cfr Eb 5,8-9). Sappiamo che in tutta la Torah, cioè in tutta la legislazione cultuale, la parola teleion, qui usata, indica l’ordinazione sacerdotale. Cioè la Lettera agli Ebrei ci dice che proprio facendo questo Gesù è stato fatto sacerdote, si è realizzato il suo sacerdozio. La nostra ordinazione sacerdotale sacramentale va realizzata e concretizzata esistenzialmente, ma anche in modo cristologico, proprio in questo portare il mondo con Cristo e a Cristo e, con Cristo, a Dio: così diventiamo realmente sacerdoti, teleiotheis. Quindi il sacerdozio non è una cosa per alcune ore, ma si realizza proprio nella vita pastorale, nelle sue sofferenze e nelle sue debolezze, nelle sue tristezze ed anche nelle gioie, naturalmente. Così diventiamo sempre più sacerdoti in comunione con Cristo.

La Lettera agli Ebrei riassume, infine, tutta questa compassione nella parola hupakoen, obbedienza: tutto questo è obbedienza. E’ una parola che non piace a noi, nel nostro tempo. Obbedienza appare come un’alienazione, come un atteggiamento servile. Uno non usa la sua libertà, la sua libertà si sottomette ad un’altra volontà, quindi uno non è più libero, ma è determinato da un altro, mentre l’autodeterminazione, l’emancipazione sarebbe la vera esistenza umana. Invece della parola “obbedienza”, noi vogliamo come parola chiave antropologica quella di “libertà”. Ma considerando da vicino questo problema, vediamo che le due cose vanno insieme: l’obbedienza di Cristo è conformità della sua volontà con la volontà del Padre; è un portare la volontà umana alla volontà divina, alla conformazione della nostra volontà con la volontà di Dio.

San Massimo il Confessore, nella sua interpretazione del Monte degli Ulivi, dell’angoscia espressa proprio nella preghiera di Gesù, “non la mia, ma la tua volontà”, ha descritto questo processo, che Cristo porta in sé come vero uomo, con la natura, la volontà umana; in questo atto - “non la mia, ma la tua volontà” – Gesù riassume tutto il processo della sua vita, del portare, cioè, la vita naturale umana alla vita divina e in questo modo trasformare l’uomo: divinizzazione dell’uomo e così redenzione dell’uomo, perché la volontà di Dio non è una volontà tirannica, non è una volontà che sta fuori del nostro essere, ma è proprio la volontà creatrice, è proprio il luogo dove troviamo la nostra vera identità.

Dio ci ha creati e siamo noi stessi se siamo conformi con la sua volontà; solo così entriamo nella verità del nostro essere e non siamo alienati. Al contrario, l’alienazione si attua proprio uscendo dalla volontà di Dio, perché in questo modo usciamo dal disegno del nostro essere, non siamo più noi stessi e cadiamo nel vuoto. In verità, l’obbedienza a Dio, cioè la conformità, la verità del nostro essere, è la vera libertà, perché è la divinizzazione. Gesù, portando l’uomo, l’essere uomo, in sé e con sé, nella conformità con Dio, nella perfetta obbedienza, cioè nella perfetta conformazione tra le due volontà, ci ha redenti e la redenzione è sempre questo processo di portare la volontà umana nella comunione con la volontà divina. E’ un processo sul quale preghiamo ogni giorno: “sia fatta la tua volontà”. E vogliamo pregare realmente il Signore, perché ci aiuti a vedere intimamente che questa è la libertà, e ad entrare, così, con gioia in questa obbedienza e a “raccogliere” l’essere umano per portarlo – con il nostro esempio, con la nostra umiltà, con la nostra preghiera, con la nostra azione pastorale – nella comunione con Dio.

Continuando la lettura, segue una frase difficile da interpretare. L’Autore della Lettera agli Ebrei dice che Gesù ha pregato fortemente, con grida e lacrime, Dio che poteva salvarlo dalla morte, e, per il suo pieno abbandono, venne esaudito (cfr 5,7). Qui vorremmo dire: “No, non è vero, non è stato esaudito, è morto”. Gesù ha pregato di essere liberato dalla morte, ma non è stato liberato, è morto in modo molto crudele. Perciò il grande teologo liberale Harnack ha detto: “Qui manca un no”, deve essere scritto: “Non è stato esaudito” e Bultmann ha accettato questa interpretazione. Però questa è una soluzione che non è esegesi, ma è una violenza al testo. In nessuno dei manoscritti appare “non”, ma “è stato esaudito”; quindi dobbiamo imparare a capire che cosa significhi questo “essere esaudito”, nonostante la Croce.

Io vedo tre livelli per capire questa espressione. In un primo livello si può tradurre il testo greco così: “è stato redento dalla sua angoscia” e in questo senso, Gesù è esaudito. Sarebbe, quindi, un accenno a quanto ci racconta san Luca che “un angelo ha rafforzato Gesù” (cfr Lc 22,43), in modo che, dopo il momento dell’angoscia, potesse andare diritto e senza timore verso la sua ora, come ci descrivono i Vangeli, soprattutto quello di san Giovanni. Sarebbe l’esaudimento, nel senso che Dio gli dà la forza di portare tutto questo peso e così è esaudito. Ma a me sembra che sia una risposta non del tutto sufficiente. Esaudito in senso più profondo – Padre Vanhoye l’ha sottolineato – vuol dire: “è stato redento dalla morte”, ma non per il momento, per quel momento, ma per sempre, nella Risurrezione: la vera risposta di Dio alla preghiera di essere redento dalla morte è la Risurrezione e l’umanità viene redenta dalla morte proprio nella Risurrezione, che è la vera guarigione delle nostre sofferenze, del mistero terribile della morte.

Qui è già presente un terzo livello di comprensione: la Risurrezione di Gesù non è solo un avvenimento personale. Mi sembra che sia di aiuto tenere presente il breve testo nel quale san Giovanni, nel Capitolo 12 del suo Vangelo, presenta e racconta, in modo molto riassuntivo, il fatto del Monte degli Ulivi. Gesù dice: “La mia anima è turbata” (Gv 12, 27), e, in tutta l’angoscia del Monte degli Ulivi, che cosa dirò?: “O salvami da questa ora, o glorifica il tuo nome” (cfr Gv 12,27-28). E’ la stessa preghiera che troviamo nei Sinottici: “Se possibile salvami, ma sia fatta la tua volontà” (cfr Mt 26,42; Mc 14,36; Lc 22,42), che nel linguaggio giovanneo appare appunto: “O salvami, o glorifica”. E Dio risponde: “Ti ho glorificato e ti glorificherò in futuro” (cfr Gv 12,28). Questa è la risposta, l’esaudire divino: glorificherò la Croce; è la presenza della gloria divina, perché è l’atto supremo dell’amore. Nella Croce, Gesù è elevato su tutta la terra e attira la terra a sé; nella Croce appare adesso il “Kabod”, la vera gloria divina del Dio che ama fino alla Croce e così trasforma la morte e crea la Resurrezione.

La preghiera di Gesù è stata esaudita, nel senso che realmente la sua morte diventa vita, diventa il luogo da dove redime l’uomo, da dove attira l’uomo a sé. Se la risposta divina in Giovanni dice: “ti glorificherò”, significa che questa gloria trascende e attraversa tutta la storia sempre e di nuovo: dalla tua Croce, presente nell’Eucaristia, trasforma la morte in gloria. Questa è la grande promessa che si realizza nella Santa Eucaristia, che apre sempre di nuovo il cielo. Essere servitore dell’Eucaristia è, quindi, profondità del mistero sacerdotale.

Ancora una breve parola, almeno su Melchisedek. E’ una figura misteriosa che entra in Genesi 14 nella storia sacra: dopo la vittoria di Abramo su alcuni Re, appare il Re di Salem, di Gerusalemme, Melchisedek, e porta pane e vino. Una storia non commentata e un po’ incomprensibile, che appare nuovamente solo nel salmo 110, come già detto, ma si capisce che poi l’Ebraismo, lo Gnosticismo e il Cristianesimo abbiano voluto riflettere profondamente su questa parola e abbiano creato le loro interpretazioni. La Lettera agli Ebrei non fa speculazione, ma riporta soltanto quanto dice la Scrittura e sono diversi elementi: è Re di giustizia, abita nella pace, è Re da dove è la pace, venera e adora il Dio Altissimo, il Creatore del cielo e della terra, e porta pane e vino (cfr Eb 7,1-3; Gen 14,18-20). Non viene commentato che qui appare il Sommo Sacerdote del Dio Altissimo, Re della pace, che adora con pane e vino il Dio Creatore del cielo e della terra. I Padri hanno sottolineato che è uno dei santi pagani dell’Antico Testamento e ciò mostra che anche dal paganesimo c’è una strada verso Cristo e i criteri sono: adorare il Dio Altissimo, il Creatore, coltivare giustizia e pace, e venerare Dio in modo puro. Così, con questi elementi fondamentali, anche il paganesimo è in cammino verso Cristo, rende, in un certo modo, presente la luce di Cristo.

Nel canone romano, dopo la Consacrazione, abbiamo la preghiera supra quae, che menziona alcune prefigurazioni di Cristo, del suo sacerdozio e del suo sacrificio: Abele, il primo martire, con il suo agnello; Abramo, che sacrifica nell’intenzione il figlio Isacco, sostituito dall’agnello dato da Dio; e Melchisedek, Sommo Sacerdote del Dio Altissimo, che porta pane e vino. Questo vuol dire che Cristo è la novità assoluta di Dio e, nello stesso tempo, è presente in tutta la storia, attraverso la storia, e la storia va incontro a Cristo. E non solo la storia del popolo eletto, che è la vera preparazione voluta da Dio, nella quale si rivela il mistero di Cristo, ma anche dal paganesimo si prepara il mistero di Cristo, vi sono vie verso Cristo, il quale porta tutto in sé.

Questo mi sembra importante nella celebrazione dell’Eucaristia: qui è raccolta tutta la preghiera umana, tutto il desiderio umano, tutta la vera devozione umana, la vera ricerca di Dio, che si trova finalmente realizzata in Cristo. Infine va detto che adesso è aperto il cielo, il culto non è più enigmatico, in segni relativi, ma è vero, perché il cielo è aperto e non si offre qualcosa, ma l’uomo diventa uno con Dio e questo è il vero culto. Così dice la Lettera agli Ebrei: “il nostro sacerdote sta alla destra del trono, del santuario, della vera tenda, che il Signore Dio stesso ha costruito” (cfr 8,1-2).

Ritorniamo al punto che Melchisedek è Re di Salem. Tutta la tradizione davidica si è richiamata a questo, dicendo: “Qui è il luogo, Gerusalemme è il luogo del vero culto, la concentrazione del culto a Gerusalemme viene già dai tempi abramici, Gerusalemme è il vero luogo della venerazione giusta di Dio”.

Facciamo un nuovo passo: la vera Gerusalemme, il Salem di Dio, è il Corpo di Cristo, l’Eucaristia è la pace di Dio con l’uomo. Sappiamo che san Giovanni, nel Prologo, chiama l’umanità di Gesù “la tenda di Dio”, eskenosen en hemin (Gv 1,14). Qui Dio stesso ha creato la sua tenda nel mondo e questa tenda, questa nuova, vera Gerusalemme è, nello stesso tempo sulla terra e in cielo, perché questo Sacramento, questo sacrificio si realizza sempre tra di noi e arriva sempre fino al trono della Grazia, alla presenza di Dio. Qui è la vera Gerusalemme, al medesimo tempo, celeste e terrestre, la tenda, che è il Corpo di Dio, che come Corpo risorto rimane sempre Corpo e abbraccia l’umanità e, nello stesso tempo, essendo Corpo risorto, ci unisce con Dio. Tutto questo si realizza sempre di nuovo nell’Eucaristia. E noi da sacerdoti siamo chiamati ad essere ministri di questo grande Mistero, nel Sacramento e nella vita. Preghiamo il Signore che ci faccia capire sempre meglio questo Mistero, di vivere sempre meglio questo Mistero e così offrire il nostro aiuto affinché il mondo si apra a Dio, affinché il mondo sia redento.

Filosofia contemporanea

Nato a Brescia nel 1929, Emanuele Severino è uno dei più eminenti filosofi italiani a livello internazionale.

Laureatosi all’Università di Pavia con Gustavo Bontadini nel 1950, dal 1954 al 1970 insegna all’Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano. Successivamente, lasciata l’Università Cattolica a causa del conflitto del suo pensiero con la dottrina ufficiale della Chiesa, viene chiamato all’Università Cà Foscari di Venezia, dove insegna dal 1970 al 2001. Attualmente è Professore emerito presso l’Università Cà Foscari, insegna presso l’Università Vita-Salute “San Raffaele” di Milano ed è accademico dei Lincei.

Il tema fondamentale del pensiero di Severino è quello dell’essere: sulla base di un’ontologia di tipo parmenideo, egli elabora un’originale interpretazione del nichilismo, considerato il contenuto essenziale del pensiero occidentale nella sua pretesa di conferire realtà al divenire, negando di fatto che l’essere realmente sia. Si tratta di una pretesa non puramente teoretica, bensì della condizione stessa dell’attuarsi della volontà di potenza che fin dall’inizio anima l’Occidente e che culmina nel moderno dominio della tecnica.

Tra le sue opere principali ricordiamo: La struttura originaria, La Scuola, 1958 (nuova edizione Adelphi, 1981); Studi di filosofia della prassi, Vita e pensiero, 1963 (nuova edizione Adelphi, 1984); Essenza del nichilismo (comprendente il celebre saggio Ritornare a Parmenide), Paideia, 1972 (nuova edizione, Adelphi, 1982); Legge e caso, Adelphi, 1979; Il parricidio mancato, Adelphi, 1985; La tendenza fondamentale del nostro tempo, Adelphi, 1988 (nuova edizione, ivi, 2008); Oltre il linguaggio, Adelphi, 1992; Tautótēs, Adelphi, 1995; L’anello del ritorno, Adelphi, 1999; La Gloria, Adelphi, 2001; Fondamento della contraddizione, Adelphi, 2005; Oltrepassare, Adelphi, 2007.

Tra le sue opere più recenti ricordiamo: Democrazia, tecnica, capitalismo, Morcelliana, 2009; Il diverso come icona del male, Bollati Boringhieri, 2009; Discussioni intorno al senso della verità, Edizioni ETS, 2009.

Sul problema della libertà: Emanuele Severino

Giovedì 4 marzo ore 18 Galleria d'Arte Moderna Via Magenta 31 – Torino

Emanuele Severino : Sul problema della libertà
con Ugo Perone e Leonardo Messinese

Lezione magistrale del VI ciclo di seminari della Scuola di Alta Formazione Filosofica

Primo italiano ospite della Scuola di Alta Formazione Filosofica, Emanuele Severino dedica a verità, tecnica e nichilismo i seminari torinesi


Sarà Emanuele Severino – secondo Massimo Cacciari l’unico filosofo del Novecento in grado di misurarsi con Heidegger – il docente ospite, dal 1 al 5 marzo 2010, del VI ciclo di seminari della Scuola di Alta Formazione Filosofica di Torino.

Accademico dei Lincei e uno dei più illustri filosofi italiani a livello internazionale, Severino dedicherà il suo ciclo di incontri seminariali presso la Scuola di Alta Formazione Filosofica ai temi dell’essere, dell’eterno e della verità senza dimenticare l’angoscia del divenire e l’orrore del nulla e della morte che nella sua teorizzazione stanno alla base del nichilismo, della volontà di potenza e del dominio della tecnica – ossia dei tratti caratteristici della società occidentale – nonché ai temi della salvezza e del destino.

Giovedì 4 marzo alle ore 18 presso la Galleria d’Arte Moderna di Torino, Severino – che a partire dagli anni Settanta ha avuto con la Chiesa cattolica un rapporto di severa ma rispettosa critica reciproca – terrà inoltre una lezione magistrale intitolata Sul problema della libertà.

La Scuola di Alta Formazione Filosofica – fondata e diretta da Ugo Perone, ordinario di Filosofia Morale e direttore del Dipartimento di Studi Umanistici dell’Università del Piemonte Orientale, organizzata dal Centro Studi Filosofico-religiosi “Luigi Pareyson” con il sostegno della Compagnia di San Paolo, la collaborazione della Società Filosofica Italiana, il patrocinio di Regione Piemonte, Provincia di Torino e Città di Torino – si pone come luogo d’incontro tra le grandi figure della filosofia mondiale invitate di volta in volta e un gruppo di giovani studiosi italiani e stranieri selezionati mediante bando e chiamati a mettersi in gioco, con il sostegno di alcuni tutor, all’interno dei seminari settimanali intensivi di 5 ore giornaliere a loro riservati.

Nell’ottica di un confronto più allargato sul tempo presente e sull’interpretazione della modernità, a ogni ciclo di seminari a numero chiuso la Scuola di Alta Formazione Filosofica affianca una conferenza pubblica intesa quale momento di dialogo con la società e la cultura.

L’intento di rappresentare l’ampiezza e la complessità degli studi filosofici contemporanei si manifesta anche nella scelta dei filosofi ospiti dei seminari semestrali e della conferenza collegata.

Ai cinque precedenti cicli seminariali sono stati invitati il fenomenologo francese Jean-Luc Marion, il filosofo tedesco Dieter Henrich, gli americani Charles Larmore e John R. Searle e l’ungherese Ágnes Heller.

SCUOLA DI ALTA FORMAZIONE FILOSOFICA

Direttore scientifico: Ugo Perone

Conferenza pubblica di Emanuele Severino

Giovedì 4 marzo 2010 ore 18 – Galleria d’Arte Moderna, Torino

Sul problema della libertà

La partecipazione è aperta a tutti.

Per il ciclo di seminari con Emanuele Severino, Tutor: Giulio Goggi e Luca Grion
1 - 5 marzo 2010– Villa Gualino, sempre a Torino, la partecipazione è riservata ai giovani studiosi selezionati tramite bando.
info: segreteria@sdaff.it e 349 1925 218.

lunedì 22 febbraio 2010

Reali & Reality

Certe volte è proprio difficile l'esercizio dell'amor patrio. E' stato piuttosto triste assistere anche se da lontano alle recenti contestazioni sanremesi verso Emanuele Filiberto di S. Niente da fare, il pubblico italiota nel circo mediatico è disposto a tollerare qualunque genere di volgarità, stupidità, travestitismi, imbecillità, incitazioni pericolose, inni alla violenza e al razzismo, ma la nobiltà, no, quella proprio no. Mi sono chiesta più volte come mai nel nostro paese c'è questa evidente difficoltà ad accettare un pezzo della propria storia, perchè è quello che un Savoia rappresenta oggi. Se poi questi si mette a cantare una sorta di inno nazionale, apriti cielo! Che brutto segno, ha potuto raccogliere qualche consenso in più solo con una specie di presentazione dell'allenatore della nazionale di calcio. Allora nel nome del Dio Pallone e con il pensiero che quella canzone poteva venire buona per essere urlata sugli spalti calcistici s'è avuto qualche fischo in meno. Che dire? Non credo che facendo i confronti con altri reali di altre nazioni i nostri Savoia siano stati migliori o peggiori, e neanche che la loro presenza fisica possa mettere in pericolo questa nostra Repubblica. E' evidente che alcuni sono rimasti fermi a Robespierre e altri non hanno mai allargato la loro visuale dal cortile di casa propria, perchè non trovo uguali nelle vicende di altri reali europei. Cosa c'è di così irritante e insopportabile in un principe, conte, duca, che dir si voglia? Perché bisogna contestarlo necessariamente, qualunque cosa intraprenda, politica, gare canore, o altre cose? Provo a trovare una qualche spiegazione ma ciò che ne viene fuori non ci fa onore. Essere nati in una famiglia nobile non è una qualche colpa da espiare, nessuno può scegliere di nascere in un ventre di sangue blu! E' un dono gratuito (di Dio, per chi ci crede, o del destino per chi non ci crede), è come la santità, o certi carismi particolari, sono dei doni che ci vengono dati e che non possiamo acquistarci da soli. Sì va bene, certi si sono comperati falsi titoli nobiliari, è triste ma c'è anche questo, ma non ci riguarda. Così come altri vorrebbero fabbricare artificialmente la santità. C'è anche questo. Ma i risultati sono quasi sempre grotteschi o ridicoli e hanno vita breve. Allora la nobiltà è una di quelle poche cose che non possiamo comprare, o ci è dato o non ci è dato. Sarà questo? Intendiamoci, nessuno vuole rispolverare anacronistici privilegi, ma il rispetto sì, non divento filo-monarchico se rispetto un membro dei Savoia, perchè è rispetto della storia del nostro paese, di ciò che noi oggi siamo, che ci piaccia no. (MLA)

venerdì 19 febbraio 2010

Un'ora in più di preghiera

Un'ora in meno di Internet e un'ora in più di preghiera: la proposta del Cardinale Rodriguez Maradiaga per la Quaresima

(Agenzia Fides) – Il Cardinale Oscar Rodriguez Maradiaga, Arcivescovo di Tegucigalpa (Honduras), ha chiesto ai numerosi "dipendenti" dalla rete di prendere in considerazione durante la Quaresima, la proposta di un "digiuno da Internet" per dedicare questo tempo alla preghiera. “Un digiuno da Internet, perché no?” ha chiesto l'Arcivescovo di Tegucigalpa durante la Messa che ha celebrato nella Cattedrale Metropolitana ieri, Mercoledì delle Ceneri, alla quale hanno partecipato centinaia di fedeli. "Ci sono persone che ormai sono dipendenti da Internet, che durante il tempo di Quaresima dovrebbero dire: faccio un'ora in meno di Internet e un'ora in più di preghiera”, ha detto il Cardinale.
Nell’omelia il Cardinale ha detto che ci dovrebbe essere anche un digiuno dalle "parolacce", dall'odio, dalla vendetta, dal risentimento e da tanti altri sentimenti negativi. Ha osservato anche che, dato il prezzo elevato, smettere di mangiare carne per il pesce in questa stagione “non è più un digiuno”. Ha inoltre invitato agli honduregni alla solidarietà, per condividere con gli altri, in un mondo dove cresce la fame e l'ingiustizia.
"Questa Quaresima è per noi un tempo di solidarietà con coloro che soffrono la crisi economica e con coloro che stanno lottando perché stanno male, e forse sono molti di più di quanto noi pensiamo", ha aggiunto, annunciando che si recherà ad Haiti per consegnare gli aiuti raccolti nelle ultime settimane tra i fedeli cattolici dell'Honduras per le vittime del terremoto del 12 gennaio. Questo contributo degli honduregni "è veramente un segno di solidarietà" per gli haitiani. Migliaia di honduregni cattolici hanno partecipato alla Messa del Mercoledì delle Ceneri nelle chiese di tutto il paese.

giovedì 18 febbraio 2010

Galileo Galilei 1610-2010 "Io dico l'universo"

CONFERENZE - ASSOCIAZIONE CULTURA E SVILUPPO
ALESSANDRIA Piazza F. de Andrè, 76

Con lo stesso spirito che ha animato l’Anno dell’Astronomia appena concluso, in occasione della ricorrenza del 400° anniversario dalla pubblicazione del Sidereus Nuncius di Galileo Galilei nel marzo 1610, il ciclo di conferenze si concentrerà su tre figure di spicco della storia del pensiero, che contribuirono in maniera determinante a cambiare la nostra visione del mondo e a riconsiderare il ruolo dell’uomo in esso. I protagonisti saranno Galileo Galilei e Johannes Kepler, i quali nel XVII° secolo incrinarono la millenaria struttura del cosmo aristotelico, e Charles Darwin, la cui teoria evoluzionistica generò, due secoli dopo, una inversione di prospettiva come quella provocata dalle osservazioni celesti galileiane. Tema dell’incontro conclusivo sarà la ricerca delle nostre origini e di possibili forme di vita nell’universo, uno degli obiettivi primari della speculazione filosofica di tutte le epoche, che attualmente rientra nell’ambito sperimentale della scienza grazie alla tecnologia spaziale

GALILEO
Giovedì 18 Febbraio
Enrico Bellone Università di Milano
Galileo e la nascita della scienza moderna
ore 19 - 22,30

DA GALILEO A DARWIN
Martedì 9 Marzo
Giulio Giorello Università di Milano
la scienza come sfida
ore 20,45 - 23,00

TERRA, LUNA, MARTE
Venerdì 26 Marzo
Giovanni Bignami Università di Pavia
ore 18.00 - 20.00

KEPLERO
Sabato 27 Febbraio
Anna Maria Lombardi Università di Milano - INAF
una nuova fisica per una nuova astronomia
ore 20.45 - 23.00

400 ANNI DOPO
Giovedì 18 Marzo
Massimo Bucciantini Università di Siena
novità celesti e crisi del sapere.
ore 20.45 - 23.00


Organizzazione: GRUPPO Astrofili GALILEO

Haiti com'era

Speranze e problemi che gli haitiani affrontano non soltanto a causa delle terribili catastrofi naturali, ma anche nei confronti di tutti coloro che per anni hanno “dimenticato” che questa terra è stata una delle prime a dare indipendenza a chi fino ad allora aveva solo conosciuto la schiavitù.

LA PERLA SPEZZATA DELLE ANTILLE

Superficie: 27.750 Kmq
Popolazione (dato del 2008): 8.924.553 di ab.
Capitale: Port-au-Prince
Moneta: Gourde haitiano
Forma di governo: repubblica presidenziale
Lingua: francese (ufficiale), ma la maggioranza della popolazione parla il creolo, lingua locale con elementi africani, spagnoli, inglesi.
Religione: cattolicesimo, protestantesimo e vudù (un misto di cristianesimo e credenze africane)


UN PO’ DI STORIA

Quando Cristoforo Colombo vide quest’isola verde, in mezzo al mare blu dei Carabi, affascinato dalla sua bellezza, la chiamò la “perla delle Antille” per il suo ottimo clima e la natura lussureggiante.
Ora l’isola è tagliata in due: metà è rimasta una perla: la Repubblica Dominicana, ricca e ricercata dai turisti. Metà è diventata un sasso: Haiti, un’isola senza qualità, la più povera del mondo.
Al suo sbarco Colombo scoprì che l’isola era abitata da indigeni, ma in pochi anni questi furono sterminati dai conquistadores. Allora i colonizzatori bianchi cominciarono una massiccia importazione di schiavi africani per farli lavorare nei campi e nelle miniere: i battelli arrivavano carichi di uomini catturati sulle coste dell’Africa occidentale e ripartivano carichi di tabacco, canna da zucchero e legni pregiati per i commerci.
Un giorno gli schiavi si ribellarono contro i bianchi, spezzarono le loro catene e proclamarono l’indipendenza: il 1° gennaio 1804 Haiti divenne la prima repubblica nera!
Ma quella terra era troppo impoverita: i coloni l’avevano saccheggiata del suo oro, abbattuto intere foreste per costruire navi, l’economia era a terra.
Così ricadde nelle mani di famiglie di dittatori che hanno governato con avidità e prodotto solo miseria.


DOLOROSAMENTE BELLA

Di fronte allo stretto cordone di terre che collegano il Nord e il Sud America, sotto il Tropico del Cancro, si sbriciola, in una collana di isole grandi e piccole, l’arcipelago delle Antille.
La parte orientale dell’isola di Hispaniola è occupata dalla Repubblica Dominicana; la parte occidentale, a poche miglia da Cuba, è Haiti, uno dei 20 Paesi più poveri del mondo
Gli indigeni la chiamavano Ayti, cioè Terre alte, per la natura montuosa del territorio ricoperto da boschi e dalle coltivazioni di caffè, cotone, canna da zucchero. Una tavolozza di colori: dalle splendide sfumature rosse dei fiori dell’Hibiscus e delle corolle bianche del frangipane fino alle variopinte piume dei pappagalli e degli uccelli del paradiso…
Intere foreste sono state abbattute per la vendita del legname oppure bruciate dai contadini alla ricerca di un fazzoletto di terra da coltivare. Il suolo, impoverito e desertico, si trasforma in un mare di fango dopo i frequenti uragani che provocano morte e distruzione.
Ma la povertà attuale di Haiti dipende da un’altra ragione: la terra, con la complicità dello Stato. È in mano a poche grandi famiglie haitiane che difendono tenacemente il loro secolare dominio, mentre centinaia di contadini in cerca di fortuna si riversano alle periferie delle città che scoppiano di disoccupazione e di miseria.


L’ISOLA CHE AFFONDA: VILLE MILIARDARIE E BARACCOPOLI

A Santo Domingo (l’altra metà dell’isola) splendide ville circondate da giardini lussureggianti, piscine , campi da golf. Tra i viali di palme, lussuosi hotels e ristoranti pieni di luci e di bandiere di tutte le nazioni del mondo. I dollari qui non mancano.
Ad Haiti invece oltre il 70% della popolazione vive in condizioni di povertà assoluta, ammassata nelle bidonville in condizioni igieniche estremamente precarie: senza acqua potabile ed energia elettrica, con un sistema fognario praticamente inesistente. Qui i bambini pagano il prezzo più alto del sottosviluppo economico, sociale ed umano: per malnutrizione, mancanza di igiene, assenza di vaccinazioni rimangono vittime di malattie ed epidemie.


ZUCCHERO AMARO

La miseria costringe molti Haitiani a lasciare il Paese: i più fortunati riescono a fuggire negli Stati Uniti e in Canada, altri varcano il vicino confine della Repubblica Dominicana per lavorare come tagliatori nelle piantagioni di canna da zucchero. Vengono subito privati dei documenti e si riducono in condizione di semi-schiavitù. Intere famiglie vivono nei batey, villaggi chiusi dove il tempo si è fermato a due secoli fa: baracche con tetti di lamiera, con una porta e una finestra, pagliericci come letto, niente acqua e luce.
Durante la stagione della raccolta della canna da zucchero, da dicembre a giugno, i braccianti si buttano con il loro machete tra le canne alte tre metri dall’alba al tramonto: la loro paga è 40-60 pesos (2 – 4 euro) al giorno!
Questi soldi non sono sufficienti neppure per il cibo e spesso vengono pagati con i tickets da spendere nello spaccio della stessa compagnia. Il batey si trasforma così in una prigione senza scampo.


CENERENTOLE DI HAITI: RESTAVEK

Restavek = resta con, in creolo è il nome dei bambini che dalle campagne vengono mandati a servizio nelle città. Sono 130.000, prevalentemente bambine tra i sei e i quindici anni. Sono le domestiche dei poveri e dividono la miseria delle famiglie che le ospitano: un pasto al giorno, fatto di avanzi.
Crescono senza identità e senza rispetto. I tre quarti di loro non sanno né leggere né scrivere, non hanno assistenza medica, soffrono di malattie legate alla malnutrizione. Sono molto spesso maltrattati e picchiati, due volte vittime: vittime della povertà della famiglia che le ospita e vittime della povertà della famiglia originaria. Con la speranza di migliorare la loro vita i contadini mandano i loro figli in città, ma come recita un proverbio haitiano: “Cercano rifugio dalla pioggia e finiscono nel fiume”…


TERRA D’AMORE E DI SPERANZA

Haiti ha lottato tanto nel corso dei secoli per la libertà e per il diritto della dignità umana, lotta ancora contro la miseria e la fame.
Malgrado tutto conserva tenacemente la speranza, il piacere di vivere e di esprimere con l’arte la propria cultura. Lo dimostrano i tap-tap, autobus ricoperti di dipinti naif e di scritte significative: ‘Se Dio vuole’, ‘Cristo è la risposta’, ‘Vergine del miracolo’. Sempre stracarichi e cigolanti sono come delle gallerie di pittura ambulante, nei quali ogni autista riversa tutto il suo cuore e la creatività. Il temperamento degli haitiani è festoso e sa trovare nel proprio spirito interiore una forma di sopravvivenza a dispetto di tutto.
Educazione e sanità sono completamente dimenticati dallo Stato. Ed è la Chiesa cattolica che si impegna attivamente a far da supplente a queste necessità, istituendo scuole e orfanotrofi. I missionari arrivano nei luoghi più inaccessibili del Paese e condividono con i più poveri i problemi quotidiani, pratici e morali.


LA PITTURA HAITIANA

Per la gente di Haiti la pittura è il respiro della vita quotidiana. Tutti sanno pitturare ed esprimere con i colori i sentimenti di giustizia, di amore, di solidarietà che portano nel cuore.

Tra i pittori haitiani più importanti va ricordato Jacques Chery che sa esprimere con incredibile forza dei colori e delle forme le aspirazioni del suo popolo.

Tutto questo era Haiti prima del Terremoto. Preghiamo ed impegnamoci perchè possa ritornare ad essere la Terra d’Amore e di speranza delle Antille.


Dossier scitto da Marida Catagna ed apparso sul Ponte d’Oro di qualche anno fa, tratto da POIM N. 2 - 15/21 GENNAIO 2010.

mercoledì 17 febbraio 2010

Protagonisti digitali: Integrare il virtuale dentro il reale


La novità più evidente nel mondo della comunicazione è quella che ha visto gli utenti diventare «produttori» di contenuti, soprattutto all’interno dei nuovi media e di internet. In questo contesto nasce una precisa sfida che è quella di integrare il «virtuale» dentro il «reale», superando la contrapposizione forzata tra queste due dimensioni. Virtuale non vuol dire «fantasma» o inesistente,ma piuttosto potenziale. E questa potenzialità spiega pure perché ancora una volta il discorso da intraprendere non sia asettico o puramente tecnologico, ma sempre legato a doppio filo alla libertà e alla responsabilità dell’uomo. È l’uomo che fa la differenza e che decide del passaggio ad esempio da una semplice connessione a una più compiuta relazione.

Domenico Pompili
Direttore Ufficio Nazionale
Comunicazioni Sociali


IN COLLABORAZIONE CON WEB AUDIO VIDEO COMUNICAZIONE

PROGRAMMA

ore 9.30 Accoglienza musicale a cura del gruppo musicale Hope

ore 9.45 saluti delle autorità

ore 9.55 performance del trasformista Gianpiero Perone

ore 10.20 prof. Piermarco Aroldi direttore Osscom - Università Cattolica dott.ssa Nicoletta Vittadini ricercatrice Osscom rispondono alle domande su:

1.stampa locale
2.internet e nuove tecnologie
3.editrici e associazioni culturali
4.radio-tv-cinema
5.teatro
Come interagiscono nel web, sul territorio e tra di loro

La musica come mezzo di comunicazione: Intermezzi a cura della pianista Chiara Bertoglio

ore 12 interventi dal pubblico e video testimonianze

1. lettera pastorale in dvd di mons.Enrico Masseroni Arcivescovo di Vercelli

2. Michele Brambilla inviato de La Stampa

3. Cristiana Dobner carmelitana scalza

video-messaggio di mons. Domenico Pompili, direttore Ufficio Nazionale Comunicazioni Sociali, sul prossimo convegno nazionale “Testimoni Digitali”, 22-24 aprile - Roma

ore 13-14 pranzo a buffet

ore 14.15 conclude mons. Luciano Pacomio Vescovo di Mondovì, delegato CEP
per la Pastorale Comunicazioni Sociali

ore 14.40 visita mostra Peggy e Solomon R. Le avanguardie dell’astrazione,
Arca, Chiesa di San Marco in contemporanea brevi laboratori sui temi delle cinque domande

ore 16 saluti

Ai lavori parteciperà l’umorista Gianni Chiostri, che in diretta, su lavagna luminosa, disegnerà graffiti umoristici sui temi trattati.

La Quaresima per i fratelli delle Chiese protestanti

« Le Carême ne se vit pas en général chez les protestants pour la bonne raison que la grâce de Dieu est gratuite, elle ne se mérite pas donc une préparation, qui passe par des privations ou autres pratiques, ne se justifie pas. C’est même inconcevable pour nous".
Per saperne di più http://www.careme-protestant.org

martedì 16 febbraio 2010

Seminario stampa interculturale

Venerdì 19 febbraio Palazzo Ceriana Mayneri di Torino (corso Stati Uniti 27) ospita il seminario europeo “Verso la creazione di un’associazione nazionale della stampa interculturale. Italia e Europa. Esperienze a confronto”, aperto a tutti e promosso da Associazione Stampa Subalpina e Ordine dei Giornalisti del Piemonte.

L'evento inizierà alle 11,30 con la conferenza stampa per la presentazione nazionale dell’Ansi (Associazione nazionale stampa interculturale), alla quale parteciperanno Roberto Natale, presidente della Fnsi (Federazione nazionale stampa italiana); Viorica Nechifor, presidente dell'Ansi; Alberto Papuzzi, presidente dell'Associazione Stampa Subalpina; Anna Meli, del Cospe; Aidan White, segretario della Ifj (International Federation of Journalists). Nel pomeriggio, dalle 14,30, dopo i saluti di Debora Guidetti dell' Epim, European Programme for Integration and Migration, e di Luca Grbac, della Compagnia di San Paolo, è prevista la tavola rotonda dal titolo “L’Associazione Nazionale Stampa Interculturale nel contesto europeo. Esperienze a confronto”, alla quale partecipano Raymon Dassi e Paula Baudet Vivanco, dell'Ansi; Gustavo Franco Cruz, della Secretaria de Mitjans de l'Immigració - Sindicat de Periodistes de Catalunya(Spagna); Marjan Parvand del Neue deutsche Medienmacher (Germania) e Roberto Natale della Fnsi.

Alle 18 l'intervento conclusivo di Ed Klute di On Line/More Colour in the Media.
Il seminario di venerdì è il primo dei tre appuntamenti inseriti nel "Melting News" e che proseguiranno con l'inaugurazione del Piemonte Movie gLocal Film Festival (4 marzo) e con la presentazione della ricerca sui media realizzata dall'Istituto Paralleli (12 marzo).

“Il Kyoto fisso”

Urbaniana: Incontro sui cambiamenti climatici promosso dal “Laboratorio Ecologia e Missione”
– “Il Kyoto fisso” – I cambiamenti climatici da Rio de Janerio a Copenhagen tra scienza, arte e mistica: un approccio all’ecologia che investe la persona tra razionalità, estetica e spiritualità – è il tema dell’incontro di studio che si svolgerà a Roma il 26 febbraio, dalle ore 15 alle 17, nell’Auditorium Giovanni Paolo II della Pontificia Università Urbaniana (Via Urbano VIII, 16). L’iniziativa, organizzata dal “Laboratorio culturale Ecologia e Missione” della Pontificia Università Urbaniana, prevede un incontro-dibattito con esperti della scienza, dell’antropologia e della comunicazione. La relazione sarà a cura del Prof. Antonello Pasini, scienziato, fisico, ricercatore dell’Istituto sull'Inquinamento Atmosferico del Consiglio Nazionale della Ricerche (CNR Italia). Per meglio comprendere il tema di studio sono previsti anche momenti artistici teatrali. I modelli climatici prevedono entro il 2100 un aumento della temperatura media globale compreso tra 1,4 e 5,8 gradi Celsius. L'aumento della temperatura atmosferica media è la causa principale dei cambiamenti climatici. Quale contributo può dare la teologia? Come possiamo educarci ed educare? Cosa può fare, in concreto e subito, ciascuno di noi davanti ad un panorama del genere? Su questi temi si svolgerà un dibattito aperto. (SL) (Agenzia Fides 16/02/2010)

domenica 14 febbraio 2010

S. Cirillo e Metodio

Conférence de Herman Rompuy sur Caritas in Veritate

Liège, le lundi 19 octobre 2009
Source : Cercle Gustave-Thibon

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Je m’exprime en tant que chrétien à titre personnel. Je ne ferai pas toujours le distinction entre l’encyclique et mes propres opinions. La ‘doctrine’ n’est pas un dogme.

La nouvelle encyclique du pape Benoît XVI s’inscrit dans une longue tradition, commencée avec Léon XIII en 1891. L’originalité de Caritas in veritate est que le pape déploie une réflexion qui lui tient à cœur en insistant sur la nécessité pour la foi et la raison de s’éclaire mutuellement sur le point de la question sociale dans un contexte de mondialisation. Cette recherche donne à l’ensemble de l’encyclique une vigueur anthropologique originale. Elle rappelle combien la question sociale aujourd’hui – celle du développement et de la mondialisation, celle du bouleversement des anciennes solidarités et des effets de crises – ne touche pas seulement la surface des procédures et des règles mais engage aussi une vision de l’homme. Là se situe la raison pourquoi l’Eglise s’intéresse aux questions économico-sociales.

Pourquoi l’Eglise s’intéresse-t-elle aux questions économiques ? Parce qu'elle s’intéresse à l’homme, à l’homme dans son intégralité, et ne sépare donc pas le matériel de l’immatériel. Contrairement à ce que l’on pense souvent, la vision du christianisme n’est pas dualiste : le dualisme qui sépare le corps de l’âme, cette dernière étant la seule qui compte, n’apparaît pas dans la Bible mais émane de la philosophie grecque. Dans la Doctrine sociale de l’Eglise, l’homme dans sa totalité, corps et âme, cœur et conscience, ainsi que sa place dans la société et la nature constituent l’axe de la pensée. Dans sa dernière encyclique, Caritas in veritate, Benoît XVI écrit : « Le développement authentique de l’homme concerne unitairement la totalité de la personne dans chacune de ses dimensions. »

Cela implique que la Doctrine sociale s’occupe de tout ce qui est en rapport avec l’homme, la société et la création : justice, travail, émancipation, pauvreté, santé, logement, relations sociales, paix, droits de l’homme, économie et écologie… Cette approche trouve son fondement dans la constitution pastorale Gaudium et Spes (23 § 5), selon laquelle « La Révélation chrétienne nous conduit à une intelligence plus pénétrante des lois de la vie sociale ».
 
Mais, avec Benoît XVI, l’Eglise affiche une qualification supplémentaire: elle se dit non seulement compétente pour une contribution à une meilleure compréhension et à l’amélioration de la condition humaine, mais détenant le seule bonne clé de lecture pour cela : la « Vérité ». L’homme n’est pas sa propre référence. Sa vie a un sens profond qui lui dépasse, qui est révélé par la Vérité (pas le vérité du comment mais la vérité du pourquoi). La Vérité c’est l’Amour incarné dans le Christ et dans la Trinité. L’homme est voulu par Dieu et créé par amour. Il doit rendre l’amour à Dieu en ses prochains. L’homme n’est donc pas le produit du hasard ou de la nécessité. Il est le fruit de l’amour.

L’homme est responsable (pas de fatalité envers la technologie ou la globalisation), mais l’homme est aussi dépendant. Il obéit à cette loi de l’amour. L’homme responsable mais faible est un pécheur : il doit s’efforcer pour être bon. L’amour (et donc la vérité) est une découverte, un effort constant. L’amour n’est pas un laisser-aller. Parce que l’homme est faible, la perfection ne sera jamais de ce monde. Le monde est donc perfectible. La recherche de l’ultime organisation sociale est même dangereuse. Elle veut contraindre l’homme à devenir ce qu’il n’est pas ou ne pourra jamais devenir. « L’homme n’est ni ange ni bête, et qui veut faire l’ange fait la bête » (Blaise Pascal). L’amour est un commandement.

En d’autres termes, en portant un regard éthique, la foi chrétienne rappelle ses présupposés et perçoit les erreurs d’une pensée purement économique et confronte la conformité aux lois communément acceptée de la vie économique à l’objectif ultime de l’économie : le bonheur de l’homme et le bien-être de la société. Pour le chrétien, l’économie ne peut donc jamais être une fin en soi et le profit ne peut jamais être le bien suprême. C’est l’économie qui est au service de l’homme et non l’inverse. Le Pape tient à le rappeler par ces mots : « l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser. En effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale. »

Toutes les constructions humaines sont passagères ; elles ne peuvent donc avoir des revendications à l’égard de l’homme. Aucun régime politique, aucune organisation sociale et aucun système économique ne peut revendiquer la réalisation du salut ultime. Dans sa lettre encyclique Centesimus annus (1991), Jean-Paul II dénonce le danger de cette revendication : «  Quand les hommes croient posséder le secret d'une organisation sociale parfaite qui rend le mal impossible, ils pensent aussi pouvoir utiliser tous les moyens, même la violence ou le mensonge, pour la réaliser. La politique devient alors une religion séculière qui croit bâtir le paradis en ce monde. »

Dans sa nouvelle encyclique, le pape actuel complète ces propos : « Sans la perspective d’une vie éternelle, le progrès humain demeure en ce monde privé de souffle. Enfermé à l’intérieur de l’histoire, il risque de se réduire à la seule croissance de l’avoir. L’humanité perd ainsi le courage d’être disponible pour les biens plus élevés, pour les grandes initiatives désintéressées qui exigent la charité universelle. L’homme ne se développe pas seulement par ses propres forces, et le développement ne peut pas lui être simplement offert. »

« Les messianismes prometteurs, qui sont des bâtisseurs d’illusions », selon les termes de Benoît XVI, privent, en outre, l’homme de ses responsabilités (et ce faisant de sa dignité). « Le développement humain intégral suppose la liberté responsable de la personne en des peuples : aucune structure ne peut garantir ce développement en dehors et au-dessus de la responsabilité humaine. »

C’est selon sa fonction de service que l’économie est évaluée. Les critères de mesure de cette évaluation religieuse sont la dignité humaine, la vocation de l’homme à la fraternité et les exigences de justice et de paix. Partant de ces mesures, l’Eglise formule un jugement moral dans les matières économiques et sociales. Et elle s’y résout « quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l'exigent », d’après la constitution pastorale Gaudium et Spes (76 § 5). Telle est la raison d’être de la succession d’encycliques.

L’Eglise perçoit la Doctrine sociale comme partie intégrante de sa mission d’évangélisation. « Sa doctrine sociale est un aspect particulier de la mission de vérité de l’Eglise », écrit Benoît XVI. A la lumière du message « humaniste » de l’Evangile, l’Eglise s’estime compétente en la matière. Toutefois, cette compétence se borne au plan moral. L’Eglise n’intervient pas dans les problèmes techniques pas plus qu’elle ne se prononce sur des modèles d’organisation sociale. En témoignent les propos de Benoît XVI : « L’Église n’a pas de solutions techniques à offrir et ne prétend aucunement s’immiscer dans la politique des Etats ». En effet, la Doctrine sociale n’a rien d’une idéologie mais relève davantage de la théologie (la théologie morale plus particulièrement).

Si Benoît XVI porte l’attention sur un certain nombre de points concrets, il les inscrit dans une perspective théologique qui nous interroge sur le sens de l’homme et sur nos solidarités. Conformément à ses habitudes, le pape se place en réalité au-dessus de la mêlée. Benoît XVI traite de l’économie comme un théologien, son encyclique est comparable à un texte de morale économique.

En revanche, la Doctrine sociale de l’Eglise entretient bel et bien un dialogue avec la philosophie et les sciences sociales. La Doctrine sociale est née – ou, pour être plus précis, a entamé le début de son développement – à la fin du 19e siècle, en confrontation d’une part avec la réalité économique et surtout, les conséquences sociales désastreuses de l’industrialisation et, d’autre part, avec les réponses radicales données en la matière par le marxisme. Fondée sur le respect de la dignité humaine, laquelle sous-entend un même degré de liberté et de justice, et sur la nécessité de solidarité et de réconciliation sociale, la Doctrine sociale de l’Eglise rejeta tant la vision « libérale » du marché libre que l’option « socialiste » pour la lutte des classes. La première néglige la justice sociale, la seconde bouleverse les relations sociales. Ces deux « excès » constituent, par ailleurs, une atteinte à la dignité humaine : le motif du profit à l’état pur réduit l’homme (en l’espèce, l’ouvrier) à un moyen de production, la théorie des classes ôte à l’homme son caractère individuel (sa personnalité).

L’évolution de la Doctrine sociale de l’Eglise durant les 118 dernières années peut être considérée comme une actualisation permanente des postulats de départ, lesquels ont été adaptés aux « circonstances sans cesse nouvelles » de la réalité économique, sociale et politique.

Le titre Rerum novarum de la première encyclique sociale datant de 1891 s’inscrit, aujourd’hui encore et plus que toute autre encyclique sociale, dans la droite ligne de cette signification : en effet, il s’agit toujours de « choses nouvelles » : l’industrialisation en 1891, la mondialisation en 2009. A l’instar de Léon XIII qui, dans Rerum novarum, ne rejette pas l’industrialisation comme telle, Benoît XVI ne rejette pas, dans Caritas in veritate, la mondialisation : « La mondialisation, a priori, n’est ni bonne ni mauvaise. Elle sera ce que les personnes en feront. »

Chaque nouvelle encyclique sociale est, en quelque sorte, une lecture des signes du temps. Chaque encyclique sociale actualise les concepts de la réflexion religieuse à la lumière des nouvelles circonstances dans lesquelles évoluent la société et le monde. Aussi assistons-nous à la résurgence systématique des mêmes concepts : solidarité, personnalisme, subsidiarité, justice sociale …

Benoît XVI se réfère, lui aussi, à ces principes, en particulier à celui de la subsidiarité. Ce n’est pas un hasard puisque la subsidiarité a fait sa première apparition après la grande crise financière de 1929, le krach de Wall Street, dans l’encyclique sociale Quadragesimo anno (1931). Avec comme toile de fond la crise financière actuelle, Benoît XVI écrit : « Le principe de subsidiarité doit être étroitement relié au principe de solidarité et vice-versa, car si la subsidiarité sans la solidarité tombe dans le particularisme, il est également vrai que la solidarité sans la subsidiarité tombe dans l’assistanat qui humilie celui qui est dans le besoin. »

Le principe de subsidiarité est contraignant, chaque homme devant avoir la chance d’apporter sa contribution à la construction du bien-être et de la prospérité. La question difficile est cependant de savoir comment nous pouvons, aujourd’hui, réaliser ce principe au sein d’une Europe unifiée et dans un monde globalisé, où de plus en plus de décisions sont prises à un haut niveau inaccessible pour l’homme concret, sachant que, pourtant, elles sont déterminantes pour le bien-être et la prospérité de son environnement, de son travail et de sa responsabilité.

Le pape n’a pas de réponse mais il affirme que « la gouvernance de la mondialisation doit être de nature subsidiaire, articulée à de multiples niveaux et sur divers plans qui collaborent entre eux. La mondialisation réclame certainement une autorité, puisque est en jeu le problème du bien commun qu’il faut poursuivre ensemble ; cependant cette autorité devra être exercée de manière subsidiaire et polyarchique pour, d’une part, ne pas porter atteinte à la liberté et, d’autre part, pour être concrètement efficace ».

L’objectif à atteindre est un humanisme qui satisfait aux préceptes du dessein d’amour de Dieu, un humanisme intégral et solidaire, capable de créer un nouvel ordre social, économique et politique, lequel doit se fonder sur la dignité et la liberté de l’être humain et se réaliser dans la paix, la justice et la solidarité.

Benoît XVI écrit : « L’augmentation massive de la pauvreté au sens relatif, non seulement tend à saper la cohésion sociale et met ainsi en danger la démocratie, mais a aussi un impact négatif sur le plan économique à travers l’érosion progressive du capital social, c’est-à-dire de cet ensemble de relations de confiance, de fiabilité, de respect des règles, indispensables à toute coexistence civile. »

Dans cette optique, la Doctrine sociale voit en la Déclaration universelle des Droits de l’Homme « un jalon sur la voie du progrès moral » (Jean-Paul II). En outre, les Droits de l’Homme trouvent leurs fondements dans la dignité humaine en tant que personne unique dotée de responsabilités, une dignité qui revient à tous les hommes, de manière universelle et dans une même mesure. Cela implique que ces droits soient également assortis de devoirs.

C’est pourquoi Benoît XVI a dénoncé, le 4 mai 2009, lors de sa rencontre avec l’Académie Pontificale des Sciences sociales, le contraste scandaleux « entre l'attribution égale (théorique) des droits et l'accès inégal aux moyens de jouir de ces droits. », sachant qu’un cinquième de l’humanité souffre aujourd’hui de la faim.

Ces devoirs peuvent être résumés en un seul mot : la solidarité. Un devoir qui trouve sa source dans le droit à l’égale dignité de tous les êtres humains, une dignité partagée donc. Outre la liberté, emblème du principe individuel, la solidarité représente le principe social de notre organisation sociale. La Doctrine sociale de l’Eglise place la solidarité au cœur de sa pensée, cette solidarité qui est une expression de la nature sociale de l’homme et doit être transformée en une structure de solidarité.

C’est ici que le monde politique, qu’il relève de l’échelon national ou international, a un rôle important à jouer. En effet, il existe un lien intense entre la solidarité et le bien-être général, entre la solidarité et la destination universelle des biens, entre la solidarité et la paix.

Par conséquent, le bien-être général, la raison et le but qui justifient le fait que l’homme dispose non seulement de droits mais aussi de devoirs, représente pour la Doctrine sociale de l’Eglise plus que la somme de tous les bien-être particuliers. « C’est le bien de nous tous », avance le pape. Le bien-être général ne se concrétise pas spontanément si chacun poursuit son propre bien-être (la Main invisible n’existe pas). Ce qui veut dire que la responsabilité du bien-être général incombe à la fois aux individus et à l’Etat.

L’Eglise considère d’ailleurs le bien-être général comme la raison d’être du pouvoir politique. C’est pourquoi l’Etat a la mission et le devoir de créer un cadre juridique adéquat pour régler les relations économiques dans la perspective du bien-être général. Et ce bien-être général n’est, lui non plus, pas une fin en soi : il est fonction de la dignité humaine et de la préservation de la création.

Le pouvoir politique doit garantir une vie en communauté structurée et honnête, dans le respect de l’indépendance de l’individu et l’optique du bien-être général. Plus que son prédécesseur Jean-Paul II qui comme Polonais a connu l’impact massif et destructif de l’État dans la vie économique et était assez restreint envers un plus grand rôle de l’État, Benoît XVI plaide en faveur d’un état qui intervient dans le marché.

Il reconnaît néanmoins que, de nos jours, les possibilités de l’Etat sont limitées : « A notre époque, l’État (national) se trouve dans la situation de devoir faire face aux limites que pose à sa souveraineté le nouveau contexte commercial et financier international, marqué par une mobilité croissante des capitaux financiers et des moyens de productions matériels et immatériels. Ce nouveau contexte a modifié le pouvoir politique des États. »

La participation et la coresponsabilité sont essentielles. L’encyclique sociétale Centesimus annus (1991) abordait explicitement le concept de démocratie : « Une démocratie authentique n'est possible que dans un Etat de droit et sur la base d'une conception correcte de la personne humaine ». L’Eglise considère comme l’une des plus grandes menaces des démocraties modernes le relativisme éthique lequel suppose que n’existent ni critères objectifs ni critères universels s’agissant de la hiérarchie des valeurs.

Selon la Doctrine sociale, la communauté politique est au service de la société civile dont elle est née. Cette société civile représente l’ensemble des relations et des biens, culturels ou associatifs, qui sont relativement indépendants de la politique et de l’économie. L’Etat – la communauté politique – doit veiller à un cadre juridique permettant aux acteurs sociaux (sociétés, associations, organisations, etc.) d’exercer leurs activités en toute liberté ; il doit être prêt à intervenir, en cas de besoin et conformément au principe de subsidiarité, afin que l’interaction entre la liberté d’association et la vie démocratique puisse prendre la direction du bien-être général.

Dans l’intérêt de ce bien-être général, l’Eglise parle de la destination universelle des biens (ce qui ne veut pas dire que la propriété privée serait interdite mais bien qu’elle est subordonnée et qu’elle doit contribuer au bien-être général). Dieu a, en effet, légué la Terre à l’ensemble du genre humain, à savoir aux générations actuelles et à celles de demain. En découle le principe de l’intendance : la Terre ne nous appartient pas, nous avons reçu la création à titre de prêt.

Cette destination universelle invite à l’élaboration d’une vision économique qui garde à l’esprit justice et solidarité et offre à chaque être humain la possibilité d’un développement intégral. En ce sens, chaque homme a le droit à la propriété privée puisqu’elle lui apporte la liberté et l’autonomie nécessaires pour s’émanciper et se réaliser. Ce droit à la propriété privée est également assorti d’un devoir, la propriété privée étant subordonnée à la destination universelle des biens.

Celui qui possède ne doit pas seulement prêter attention à ceux qui ne possèdent pas (les pauvres, les nécessiteux). Il convient, en outre, que la propriété privée revête une fonction économique (investir dans l’économie). « Les richesses remplissent leur fonction de service à l'être humain quand elles sont destinées à prodiguer des bienfaits aux autres et à la société », d’après le Compendium de la doctrine sociale de l'Église.

La liberté et l’initiative constituent des valeurs fondamentales et des droits inaliénables qu’il y a lieu de promouvoir, précisément pour parvenir à dispenser ses bienfaits aux autres. Or, cela signifie également que pour l’Eglise catholique, la propriété n’est pas une fin en soi mais un moyen, un moyen d’autonomie et un moyen de solidarité.

Le profit est l’objectif légitime de toute entreprise économique. S’il démontre la bonne santé de l’entreprise, pris isolément, il ne fournit cependant pas la preuve que l’entreprise sert correctement la société. Le profit doit être en équilibre avec la protection de la dignité des hommes qui sont au service de l’entreprise. Le marché libre, l’instrument le plus efficace pour la production et la distribution de biens et de services, ne peut être dissocié des objectifs sociaux.

Telles sont les limites de la pensée économique de marché. Dans la dernière encyclique Caritas in veritate, l’on peut lire : « L’activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande. Celle-là doit viser la recherche du bien commun, que la communauté politique d’abord doit aussi prendre en charge. (…) L’Église a toujours estimé que l’agir économique ne doit pas être considéré comme antisocial. Le marché n’est pas de soi, et ne doit donc pas devenir, le lieu de la domination du fort sur le faible. (…) La sphère économique n’est, par nature, ni éthiquement neutre ni inhumaine et antisociale. Elle appartient à l’activité de l’homme et, justement parce qu’humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de façon éthique. Le grand défi qui se présente à nous, qui ressort des problématiques du développement en cette période de mondialisation et qui est rendu encore plus pressant par la crise économique et financière, est celui de montrer, au niveau de la pensée comme des comportements, que non seulement les principes traditionnels de l’éthique sociale, tels que la transparence, l’honnêteté et la responsabilité ne peuvent être négligées ou sous-évaluées, mais aussi que dans les relations marchandes, le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. C’est une exigence de l’homme de ce temps, mais aussi une exigence de la raison économique elle-même. C’est une exigence conjointe de la charité et de la vérité. »

Ce postulat chrétien est, par conséquent, une critique acerbe, voire une condamnation, de l’économie virtuelle du marché financier de ces dernières années qui ne voyait plus en l’argent un moyen mais purement et simplement une fin et qui nous a plongé dans la crise que nous connaissons. Par ces mots, l’Eglise ne condamne pas le marché financier international en tant que tel, car sans système adéquat, nous n’aurions connu ni cette croissance économique, ni les investissements massifs des dernières décennies. La mondialisation de l’économie contraint, par ailleurs, les pays à une collaboration internationale.

La critique de l’Eglise a pour cible l’économie financière qui est devenue une fin en soi, sans prestation de services et sans production. Née comme un moyen, elle a évolué en une fin et c’est en cela qu’elle va mener à la crise (ce qui s’est d’ailleurs passé).

Dans Sollicitudo rei socialis (1987), le précédent pape annonçait cette crise : « Une économie financière qui est une fin en soi est destinée à contredire ses finalités, car elle se prive de ses propres racines et de sa propre raison constitutive, et par là de son rôle originel et essentiel de service de l'économie réelle et, en définitive, de développement des personnes et des communautés humaines. »

C’est pour cette raison que Jean-Paul II estimait que la communauté internationale devait jouer un rôle déterminant sur le terrain financier afin de réguler les processus en fonction de cette fin et du bien-être général. Il plaidait pour « une dimension politique, opérationnelle et mondiale visant à permettre d'orienter les processus en cours à la lumière de paramètres moraux. »

Sur fond de crise, Benoît XVI va encore plus loin : il plaide en faveur d’un nouveau gouvernement politique mondial. A la fin de son encyclique, il réitère à cet effet l’appel autrefois lancé par Jean XXIII (Pacem in terris, 1963) pour une révision urgente du fonctionnement des Nations Unies : « Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. »
 
Toute la vie économique moderne est une actualisation du devoir biblique « de  cultiver et de conserver la terre ». La première signification de ce message est que le travail n’est ni une punition, ni une malédiction mais qu’il est source de conditions de vie dignes, la seconde est que le travail a une priorité par rapport au capital. Le travail est un devoir, ce faisant, nous développons l’humanité et le travail affermit l’identité de l’homme, afin qu’il puisse devenir maître de la Terre.

Le devoir de travailler appelle, en conséquence, le devoir pour l’employeur de veiller à un juste salaire et à des conditions de travail dignes pour que chaque homme puisse exercer sa maîtrise sur les choses et mener une vie agréable. Le pape demande, plus particulièrement, que l’accent soit mis sur la famille, thème déjà prioritaire dans la première encyclique Rerum novarum (1891).

La vie de famille ne peut être sacrifiée sur l’autel de l’économie, économie qui doit demeurer au service des familles. Cette exigence de l’Eglise d’atteindre l’équilibre entre travail et famille constituait déjà la trame de la première encyclique sociale Rerum novarum (1891) et doit, aujourd’hui, être actualisée dans le contexte de l’économie mondiale (délocalisation, immigration, mécanisation, informatisation, flexibilité…). Dans cet ordre d’idées, l’Etat a le devoir et la responsabilité de mener une politique active en matière d’emploi.

Dans un monde globalisé également, il convient de placer à l’avant-plan le fait que l’homme est sujet de travail (la personne est la mesure du travail) et que le travail ne peut à aucun moment être considéré comme une marchandise ou un élément impersonnel de l’organisation productive. Aujourd’hui plus encore qu’hier, le travail revêt une dimension sociale : le travail est plus que jamais une question de collaboration, le travail pour les autres (la plupart du temps, l’on ne travaille pas directement pour sa subsistance propre).

De par son caractère subjectif et personnel, le travail est supérieur à tout autre facteur de l’économie et de la productivité, en particulier au capital. Précisément en ces temps de flexibilisation et de mondialisation, il faut retenir que la principale ressource aux mains de l’homme, c’est l’homme lui-même.

Cette nouvelle situation de l’économie mondialisée a posé de nouveaux défis à la solidarité et à la question sociale (l’actuelle « res novae ») : de nouvelles formes de production, la flexibilité, la requalification, une autre organisation du travail, qui sont la conséquence d’une économie qui passe du stade d’économie industrielle à celui d’économie de services et de la connaissance.

Le risque est grand qu’une large part du travail classique ne trouve plus sa place dans la nouvelle économie et que la dimension subjective du travail soit abandonnée, sous la pression notamment de l’évolution technologique qui menace d’évincer le travail mais aussi, ce faisant, de considérer le travail avec moins d’égards et donc, de subordonner l’homme à la technique.

Benoît XVI écrit : « La technique permet de dominer la matière, de réduire les risques, d’économiser ses forces et d’améliorer les conditions de vie. Elle répond à la vocation même du travail humain: par la technique, œuvre de son génie, l’homme reconnaît ce qu’il est et accomplit son humanité. (…) La technique n’est jamais purement technique. Elle manifeste l’homme et ses aspirations au développement, elle exprime la tendance de l’esprit humain au dépassement progressif de certains conditionnements matériels. Le développement technologique peut amener à penser que la technique se suffit à elle-même, quand l’homme, en s’interrogeant uniquement sur le comment, omet de considérer tous les pourquoi qui le poussent à agir. C’est pour cela que la technique prend des traits ambigus. Née de la créativité humaine comme instrument de la liberté de la personne, elle peut être comprise comme un élément de liberté absolue, liberté qui veut s’affranchir des limites que les choses portent en elles-mêmes. Le processus de mondialisation pourrait substituer la technologie aux idéologies, devenue à son tour un pouvoir idéologique qui expose l’humanité au risque de se trouver enfermée dans un a priori d’où elle ne pourrait sortir pour rencontrer l’être et la
vérité. »

Dans le contexte de la mondialisation également, nous devons veiller à une juste hiérarchie des valeurs tout en nous assurant que l’activité économique et le progrès matériel restent au service de l’homme et de la société, guidés par un humanisme intégral et solidaire. Le pape actuel s’oppose au fatalisme « à l’égard de la mondialisation, comme si les dynamiques en acte étaient produites par des forces impersonnelles anonymes et par des structures indépendantes de la volonté humaine. Derrière le processus le plus visible se trouve la réalité d’une humanité qui devient de plus en plus interconnectée. Celle-ci est constituée de personnes et de peuples auxquels ce processus doit être utile et dont il doit servir le développement, en vertu des responsabilités respectives prises aussi bien par des individus que par la collectivité. Le dépassement des frontières n’est pas seulement un fait matériel, mais il est aussi culturel dans ses causes et dans ses effets. Si on regarde la mondialisation de façon déterministe, les critères pour l’évaluer et l’orienter se perdent. C’est une réalité humaine et elle peut avoir en amont diverses orientations culturelles sur lesquelles il faut exercer un discernement.

Et cela s’accompagne du respect de la nature. Si l’homme est maître de la nature, il ne peut en disposer arbitrairement. La nature ne peut faire l’objet d’une réduction utilitariste, mais pas question non plus de la faire prévaloir sur la personne humaine et de l’absolutiser. Benoît XVI n’hésite pas en particulier en jeter une pierre dans le jardin des écologistes, quand il juge que « considérer la nature comme plus importante que la personne humaine elle-même est contraire au véritable développement ».
La protection de l’environnement est un défi posé à toute l’humanité car il s’agit d’un bien collectif pour les générations d’aujourd’hui et de demain. L’avenir de notre planète et de l’humanité dépend de ce que nous faisons aujourd’hui. L’écrivain suisse Denis de Rougement notait dans son livre L’avenir est notre affaire (1977) : « Hier nous pouvions encore partir du passé pour juger le présent en même l’avenir… Aujourd’hui, nous devons partir de l’avenir. »

L’ensemble de la Doctrine sociale de l’Eglise s’inscrit dans le droit fil de la protection de la vie, autrement dit de la création dans son ensemble et de l’homme. Pour le pape, l’attention accordée à l’homme (en ce compris le respect de la vie et l’opposition à la manipulation génétique) est indissociable de la protection de l’environnement et de la préservation de la création. L’homme en est lui-même responsable. Dans ce sens Benoît XVI prolonge l’enseignement de Jean-Paul II dans Centesimus annus qui rappelait: « Quand l’écologie humaine est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. » Finalement, tout dépend de l’homme et de ses actes.

Le but ultime de la Doctrine sociale de l’Eglise est la promotion d’une « civilisation de l’amour ».

La nouvelle encyclique Caritas in veritate se rallie en cela à la pensée du « développement intégral et authentique de l’homme » (une notion qui doit beaucoup au philosophe Jacques Maritain, défenseur d'une philosophie chrétienne fond馥 sur l'exp駻ience et la raison, et au dominicain Louis-Joseph Lebret, pionnier du d騅eloppement). Le pape Paul VI l誕 d騅elopp馥 dans son encyclique Populorum progressio (1967), laquelle, selon le pape actuel, ォ m駻ite d底tre consid駻馥 comme l弾ncyclique Rerum novarum de l帝poque contemporaine サ. Beno羡 XVI fait de nombreuses r馭駻ences �l弾ncyclique de 1967 ainsi qu亭 d誕utres textes de Paul VI pour 騁udier, �la lumi鑽e de sa pens馥, les ォ nouvelles questions サ de la mondialisation, de la protection de l弾nvironnement, du d騅eloppement durable, du syst鑪e financier et des cons駲uences 馗onomiques et sociales de la mondialisation. ォ Il faut 騅aluer les multiple termes dans lesquels se pose aujourd檀ui, �la diff駻ence d誕lors, le probl鑪e de d騅eloppement サ, dit Beno羡 XVI.

L’être humain (le principe personnaliste) est au cœur de cette réflexion mais dans la pleine conscience que l’homme est un « pécheur » qui a droit au salut. Plutôt que de se fonder sur la ‘faisabilité’, la Doctrine sociale de l’Eglise se réfère au caractère ‘perfectible’. La différence résidant dans le fait que, dans le cas de la faisabilité, une élite ou une autorité peut déterminer ce qu’on attend de l’homme, tandis que, dans le cas de la perfectibilité, c’est la conscience humaine qui est sollicitée.

Au fond, rien n’est mauvais en soi. Ni la finance, ni le marché, ni la mondialisation. Seules sont perverses les passions qui nous poussent à ‘absolutiser’ tel ou tel mécanisme, dans une logique de pur profit. Inversement, seul est authentiquement bon ce qui conduit au ‘développement humain intégral’.

Avec plus de vigueur encore que ses prédécesseurs, le pape actuel fait appel à la conscience personnelle et à la révolution personnelle. A ses yeux, aucune justice sociale et économique n’est possible sans moralité individuelle. Sans équilibre intérieur, pas d’équilibre dans la société, telle est sa thèse. En découle le concept de « caritas », la charité, qu’il place au centre de sa pensée. Ce qui, de prime abord, peut paraître étrange puisque nous sommes bien plus habitués, s’agissant de problèmes sociaux, d’utiliser le concept de « justice ».

La charité qui a surtout trait à la vie personnelle et aux relations personnelles, Benoît XVI la relie également aux macro-relations des mondes politique et économique. Il est convaincu que c’est précisément le manque de charité qui nous a menés à l’actuelle crise économique et financière : l’égoïsme a isolé la réalisation de bénéfices des autres fins de l’économie, anéantissant la prospérité et créant la pauvreté.

Cette « attitude égocentrique », le pape la retrouve non seulement dans l’absence de charité mais aussi dans l’illusion de l’autodétermination et la prétention de la faisabilité. Il écrit que l’homme moderne se fourvoie lorsqu’il pense qu’il peut, à lui seul, orchestrer sa vie et la société. Quiconque doit ou veut gagner absolument tout seul perd de vue l’intérêt général (de la société, du monde, de la nature et de la famille humaine). Lorsque les systèmes économiques, sociaux ou politiques reposent sur les idées de faisabilité et d’autodétermination, ils mettent à mal la véritable liberté des hommes.
 
Le pape écrit : « La vérité qui, à l’égal de la charité, est un don, est plus grande que nous (…) Parce qu’elle est un don que tous reçoivent, la charité dans la vérité est une force qui constitue la communauté, unifie les hommes de telle manière qu’il n’y ait plus de barrières ni de limites. Nous pouvons par nous-mêmes constituer la communauté des hommes, mais celle-ci ne pourra jamais être, par ses seules forces, une communauté pleinement fraternelle ni excéder ses propres limites, c’est-à-dire devenir une communauté vraiment universelle : l’unité du genre humain, communion fraternelle dépassant toutes divisions… »

Benoît XVI, qui pour ce faire s’est inspiré de Saint Augustin, se présente dans cette encyclique davantage comme un théologien que ses prédécesseurs. En adoptant ce ton théologique très marqué, très spirituel de temps à autre, la nouvelle encyclique sociale risque d’avoir un poids politique moindre. Peut-être est-ce précisément de ce ton spirituel dont le monde d’aujourd’hui a besoin.

Il faut le reconnaître, la seule option qui s’impose est une nouvelle synthèse humaniste qui sera capable de remédier à la complexité et à la gravité dont la planète prend enfin conscience pour le moment.

Cette encyclique est une contribution pour parvenir à cette nouvelle synthèse. J’ai essayé de faire la synthèse de cette tentative de synthèse.